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EPS: les 5 astuces de Michel PRADET pour faire progresser les élèves durant une leçon

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Tu trouves qu’il est parfois difficile de transformer tes élèves durant une leçon d’EPS. Qu’il y a de nombreux paramètres à prendre en compte lors de ta préparation de leçon et ensuite sur le terrain face à ta classe afin de faire progresser tous les élèves.

Ma série d’interviews « Les 5 astuces pour transformer les élèves durant une leçon d’EPS » a pour objectif de partager des outils concrets pour te sentir plus à l’aise face à tes classes 😉

Pour cette nouvelle interview, j’ai eu le grand plaisir d’échanger avec un collègue très expérimenté dans le milieu de l’EPS depuis de nombreuses années : Michel PRADET.

Sans plus attendre, je te laisse prendre connaissance des 5 astuces de Michel…

Si tu as des questions, des remarques suite à cette interview, tu peux les laisser dans la partie commentaires sous la vidéo YouTube ou dans les commentaires en bas de cet article 😉 Je t’invite également à apporter « ton pouce à l’édifice » en cliquant sur le pouce bleu sous la vidéo YouTube afin d’améliorer le référencement de cette interview.

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Les 5 astuces de Michel PRADET pour transformer les élèves durant une leçon d’EPS

Régis GALEK : Bonjour à toutes et à tous. Pour cette nouvelle émission (la 7ème déjà !) sur les 5 astuces pour transformer les élèves durant une leçon d’EPS, j’accueille aujourd’hui un invité de marque, connu et reconnu dans le milieu de l’EPS. Il est Professeur Agrégé d’EPS honoraire, il a été international en athlétisme sur le 400m Haies, le décathlon et le saut en hauteur. Il a écrit et co-écrit plusieurs ouvrages sur la préparation physique notamment et sur l’athlétisme également. Bref, une carrière bien remplie et très fournie !

Vous l’avez reconnu et vous avez deviné…il s’agit de Michel PRADET ! Alors un grand merci à toi Michel d’avoir accepté cette interview et de partager ton expérience. D’autant plus que j’ai appris que tu ne faisais plus beaucoup d’interventions dans le cadre de l’EPS, donc j’ai beaucoup de chance de t’avoir à mes côtés aujourd’hui ! Donc je te remercie vraiment pour ça.

Michel PRADET : Tout à fait normal. C’est moi qui suis honoré d’intéresser peut-être encore certains collègues ou futurs collègues.

R.G : Sans aucun doute. On démarre tout de suite l’interview avec une première question. Même si la profession te connait avec tes nombreuses interventions, est-ce que tu pourrais retracer brièvement cette carrière professionnelle qui a été très riche comme je le disais ? Notamment, combien d’années tu as passé en tant que prof d’EPS en établissement etc., bref retracer ton parcours ?

Le parcours professionnel de Michel PRADET

athletisme EPS

M.P : Je vais essayer d’aller très rapidement. Moi je me suis appuyé sur une pratique sportive d’athlète de haut niveau qui m’a permis d’intégrer l’INSEP en tant qu’étudiant où venait d’être créée une section dite « spéciale athlète de haut niveau ». Et c’est ce qui m’a permis de préparer le CAPEPS que j’ai obtenu en 1974. Après quoi, j’ai immédiatement été nommé comme prof d’EPS au lycée Turgot, où je suis resté quatre ans, durant lesquels j’avais fait de l’enseignement face à des élèves. Et ensuite, j’ai assez vite intégré le cadre de la formation donc à l’INSEP dans lequel j’ai été responsable de la formation des athlètes de haut niveau. Mais cette fois-ci en tant que formateur qui préparait au CAPEPS.

Donc dans ce milieu-là, j’estime que j’ai continué à faire de l’enseignement. Même si, parallèlement, j’ai trouvé un travail d’entraîneur avec les athlètes que j’avais la chance d’avoir eu aussi en formation. Cela a été très riche. Puis j’ai eu l’Agrégation en 1984. Je faisais partie des premiers qui se sont lancés sur la formation de l’Agrégation. Et au bout de quelques années, dès 1994, j’ai demandé ma mutation pour être intégré comme prof à l’UFR de Montpellier. Et j’y suis resté jusqu’à mon départ à la retraite d’enseignant en 2011.

Ensuite, j’ai continué dans le milieu de l’entraînement. Et le simple constat que je peux faire c’est que cette double casquette d’entraîneur et d’enseignant m’a considérablement enrichi. Ce n’était pas Dr Jekyll et Mister Hyde ! Je pense que je me suis enrichi de l’un et de l’autre tout le temps…

R.G : Comme tu le disais, double casquette. Déjà le milieu fédéral : je complète un petit peu car j’ai fait aussi des recherches sur toi et sur ton CV (Rires). Tu as aussi le Brevet d’Etat niveau 3 en athlétisme. Et tu as été responsable de la préparation physique à la Fédération Française de Golf. Voilà pour le milieu fédéral.

M.P : Voilà j’ai terminé ma carrière là. Rires

R.G : Et au niveau EPS, tu été aussi de nombreuses fois Jury de concours sur le CAPEPS, l’Agrégation. Et tu as fait aussi de nombreuses interventions notamment dans le cadre de l’AEEPS sur la préparation physique, la musculation, etc.

M.P : Oui parce que j’ai toujours trouvé qu’il y avait une complémentarité très grande entre les deux secteurs. Qui n’est pas une similitude d’ailleurs entre les deux secteurs. Mais qu’on avait tout intérêt à bien connaître les facettes de « ces métiers » pour aller piquer des idées dans l’un et l’autre des camps ! Parce que c’est peut-être deux camps qui sont un peu opposés en ce moment.

R.G : C’est clair, on va y revenir. Merci pour ta présentation. On attaque maintenant avec le cœur de cette interview. Est-ce que tu pourrais nous dire, avec ta grande expérience et ta double casquette, quelles seraient tes 5 astuces à toi pour transformer les élèves durant une leçon d’EPS ?

EPS: les 5 astuces de Michel PRADET

M.P : Alors 5 astuces…il y en a certainement beaucoup d’autres ! Je pense que ces 5 astuces sont toujours orientées autour d’un élément qui me semble incontournable : c’est réussir à faire adhérer les élèves à leur pratique pour créer les conditions de leur motivation. Des élèves motivés, ce sont des élèves qui s’investissent, ce sont des élèves qui pratiquent, ce sont des élèves qui progressent. Donc déjà il s’agit d’être à l’écoute de leurs attentes, de la représentation des élèves. Mais dans la réalité, je m’aperçois qu’on n’en parle pas souvent. On part souvent de la représentation des enseignants et ce n’est pas toujours très efficace.

Première astuce : créer des systèmes d’équipes

enseigner l'EPS

Par exemple, un des éléments qu’ils aiment bien, c’est mettre en place des systèmes d’équipe. C’est-à-dire quelles que soient les activités qu’on leur fait pratiquer, associer les résultats de chaque membre des équipes qui ont été constituées. Et il faudra essayer de garder quelque chose qui a toujours tendance à les motiver, chacun participant à la réussite de son équipe.

R.G : Donc même dans les activités individuelles.

M.P : Par exemple dans des classes, j’avais tendance à constituer les équipes qui peuvent aussi mesurer ce que ce groupe fait, comme le progrès, qu’on pourrait évaluer dès lors facilement.

Deuxième astuce : faire collaborer les élèves à la création d’un système d’évaluation

Et c’est ma deuxième astuce c’est-à-dire les faire collaborer à un système d’évaluation qu’on concevrait ensemble. Et qui aménagerait un petit peu le système d’évaluation, qu’on proposerait dès le début et qui ensuite ne sera plus jamais modifié. Voilà l’élément essentiel. Car j’ai trop vu des systèmes d’évaluation qui ont été annoncés au départ et qui changeaient en cours de route ! Et ça les élèves, même s’ils essaient de négocier parfois, ont du mal à l’admettre.

R.G : Comment tu les faisais participer, toi, concrètement à la création de ces systèmes d’évaluation ?

M.P : Souvent c’étaient des systèmes de nomogrammes dans lesquels il y avait d’un côté la performance. Alors une performance qui peut être totalement didactisée mais de la performance quantifiée. Et de l’autre côté, il y avait des éléments de progrès, etc. enfin le système de nomogramme. Cela les intéressait car ils pouvaient choisir s’ils préféraient qu’on valorise plus la performance ou plus le progrès ou la maîtrise. Mais dans tous les cas, des systèmes qui sont clairement quantifiés c’est-à-dire un outil qui leur permettait de savoir s’ils avaient réussi ou pas.

R.G : Donc un référentiel vraiment fonctionnel avec des critères quantitatifs et pas forcément qualitatifs.

M.P : Oui même si ces critères quantitatifs ne font que révéler de la maîtrise. Par exemple sur une évaluation nomogramme de triple saut, d’un côté il y a la perf réalisée puis de l’autre côté il peut y avoir la régularité des sauts. Et ça, ça peut se quantifier. En fait, tous les éléments de maîtrise, en recherchant un peu, peuvent se quantifier. Une fois qu’on aurait proposé ça aux élèves, qu’ils auraient fait leur choix par exemple sur l’impact de l’un et de l’autre, on ne change plus rien. Et à eux de s’organiser pour essayer justement d’utiliser au mieux ce système d’évaluation.

R.G : Et du coup tu as aussi un référentiel explicite pour l’élève dès qu’il a terminé sa prestation. Il peut avoir accès directement à sa note avec ce système-là et pas une note qui pourrait tomber du ciel à la fin du cycle !

M.P : Complètement. Alors bon, la participation et le progrès ce sont des choses, qui j’estime, sont déjà inclus dans la compréhension du système d’évaluation. Et pas en rajouter comme bien ramasser le matériel ou même sur le progrès. Je veux dire que si on a déjà un niveau physique très élevé, c’est beaucoup plus difficile de progresser que si on est à la rue ! Donc si tu veux, les systèmes de participation-progrès conduisent à des incompréhensions.

Donc des systèmes quantitatifs simples, négociés et qu’on ne change plus au cours de la formation.

R.G : Et explicites comme ça les élèves peuvent se repérer facilement.

https://www.epsregal.com/tennis-de-table

M.P : Complètement. D’ailleurs, même à la limite sans intervention de l’enseignant. Une fois que c’est fait, eux peuvent comprendre et éventuellement réajuster leur engagement par rapport à leur réussite ou leur non-réussite.

R.G : C’est clair. Très bien, on peut alors passer à la troisième astuce.

Troisième astuce : s’assurer que la moitié du temps de la leçon soit consacrée à transformer la motricité des élèves

M.P : Alors la troisième astuce serait d’organiser les séances et de vérifier si celles-ci sont constituées, au moins la moitié du temps, à transformer la motricité. Lorsque j’ai eu les formations à faire avec les étudiants, on allait voir des collègues. Alors avec toutes les excuses du monde, j’avoue que c’est difficile de gérer une classe car les élèves ne sont pas tous pareils. Mais quand on voit qu’il y a cinq, six, sept minutes de temps de motricité réelles sur une séance ce n’est pas possible !! Il faut l’organiser différemment pour que le temps de motricité soit plus important. Donc je pense que la moitié du temps en motricité c’est important.

R.G : Les études passées et un peu plus actuelles montrent qu’on est plutôt sur un tiers du temps de la leçon consacrée à la motricité. Et pas sur la moitié ! C’est vrai qu’il faudrait tendre vers la moitié…

M.P : J’enregistre et je ne discute pas. Alors peut-être que la réalité est maintenant dans le milieu scolaire un peu différente. Mais je crois qu’on a quand même un peu perdu de vue que notre action de formation des élèves passe avant tout par le corps et la motricité. Donc pourquoi on en a honte ? Moi je veux bien qu’on remplisse des fiches, des choses comme ça mais ça mange sur le temps de la motricité. Et après, il ne faut pas s’étonner si on a des doutes par rapport au développement des ressources motrices des élèves. Je ne serai plus sanctionné pour des idées comme ça (Rires). Mais notre discipline pourrait être tellement porteuse à ce niveau-là. Il ne faut pas qu’on essaye de faire comme les autres disciplines d’enseignement. On est particulier, et c’est notre noblesse à nous.

R.G : Ce que tu es en train de dire là, ça me rappelle une de tes interventions. J’avais suivi ça en visio, une de tes conférences, je ne sais plus où c’était exactement. Et tu disais que tu avais fait dans un établissement scolaire des mesures de fréquence cardiaque chez les élèves. Et que les fréquences cardiaques pouvaient être supérieures en mathématiques ou en français quand le prof interrogeait les élèves. Il y avait un pic de fréquence cardiaque. Et cette fréquence cardiaque était supérieure à celle des cours d’EPS ! Est-ce que tu veux nous en parler un petit peu ?

M.P : Ce n’est pas une critique des collègues et moi-même je l’ai vécu, il y a eu une période où il ne fallait pas que les élèves dépassent les 120 pulsations. Parce qu’il y avait quelques recherches scientifiques qui avaient été faites. Mais les recherches avaient été faites sur nous quand on était en Equipe de France ! On battait à 45 et du coup à 120 ça représente quelque chose. Mais quand on est une petite fille de sixième et qu’on a une fréquence cardiaque de base qui tourne autour de 100-120, ils disaient que c’était élevé ! Et moi j’ai passé 2 ou 3 ans à dire aux élèves « Moins vite ! Moins vite ! ».

Donc après je me suis rendu compte que ça ne servait à rien. Quand on les lâchait en cours de récréation, ils avaient plus d’impact moteur que pendant la séance d’endurance. Ce n’est pas normal. Voilà, c’étaient des illustrations, juste peut-être pour marquer un petit peu mais c’était réel. Les enregistrements avaient montré que les fréquences cardiaques dans une séance de contrôle en mathématiques étaient plus importantes que dans une séance lambda de ce type d’endurance. J’espère que ça a bien changé maintenant, mais voilà.

R.G : En tout cas, ça interpelle c’est sûr.

M.P : Ça interpelle oui mais c’est juste que notre impact moteur est trop faible. On nous a trop culpabilisé en disant « Attention à la santé des élèves ». Et justement, ça serait peut-être bien de les faire sortir un peu de leur limite de temps en temps et pas d’entériner la médiocrité !

R.G : Surtout avec le contexte actuel, le confinement etc. avec des élèves qui ont pris 3 ou 4 kg parfois en quelques semaines. Avec le confinement, c’est aussi important de vraiment consacrer une grande partie de la leçon à la motricité.

M. P : Tu as complètement raison. Et en ce moment c’est encore plus criant. Mais je pense qu’on est quand même dans une société où on va vers de la sédentarité. Et que justement ça serait à nous de lutter contre ça et ça serait peut-être le premier objectif.

R.G : Très bien on peut passer à l’astuce suivante.

Quatrième astuce : motiver les élèves à venir à l’association sportive

sport scolaire AS

M.P : Chercher à motiver les élèves qu’on a en classe pour la pratique de l’AS voire chercher à établir des liens avec les clubs locaux dans lesquels d’ailleurs les profs d’EPS pourraient peut-être s’investir davantage. Moi j’ai été prof d’EPS à une époque où quasiment tous les enseignants d’EPS étaient investis dans les clubs du village ou de la région. Et c’est de moins en moins le cas. Et c’est toujours cette fameuse fracture avec le monde du sport éducatif. Parce qu’on ne parle pas de sport de haut niveau-là. Alors déjà commencer par l’AS et pourquoi l’AS ne serait pas un des éléments qu’on pourrait presque intégrer dans l’évaluation, pourquoi pas ? Même si ce n’est pas vraiment la solution mais au moins établir des liens avec l’AS, établir des liens avec les clubs locaux. Bon voilà je le pense donc je le dis ! (Rires)

R.G : Tu as raison, le message est passé. Tu peux passer à la dernière astuce.

Cinquième astuce : donner des repères aux élèves sur les transformations visées à chaque leçon

Progresser EPS

M.P : Un élément qui me semble vraiment très important et qui pourrait lutter contre cette tendance à donner l’impression que les cours ne sont pas préparés à l’avance et qu’on fait un peu d’ajustement en permanence, ce serait de fournir à l’avance, dès la première séance, l’enchaînement des objectifs, l’enchaînement des séances qu’on va faire.

Et même aller plus loin c’est-à-dire prendre le risque de leur dire : voilà si on procède comme ça, voilà les transformations que l’on va observer, voilà les progrès que vous pouvez faire, etc. On ne prend pas de gros risques parce que quand on part d’un niveau extrêmement faible, faire progresser quelqu’un n’est pas difficile. Donc on pourrait très bien leur dire : voilà dans la première séance, il y aura ça et ça. Et puis j’allais dire, proposer vraiment un cycle clé en main qui leur montre qu’il y a une logique derrière. Et aussi, bien entendu, leur donner le système d’évaluation dès le départ.

R.G : Je pense que tu fais bien de le souligner. C’est important pour les élèves je pense d’avoir bien en tête ce qui va être travaillé. Moi, à un moment donné, quand les compétences attendues sont sorties dans les programmes, je les présentais aux élèves tout de suite en première leçon. Alors, bien souvent, je simplifiais les termes pour qu’ils les comprennent. En tout cas, ça leur donnait une idée de ce qu’on allait faire pendant tout le cycle.

Maintenant ce que j’aime bien faire, c’est au début de chaque leçon leur présenter en une phrase très simple un objectif au niveau de la motricité et un objectif éducatif. Si je prends un exemple en tennis de table, sur la première leçon, mon objectif au niveau de la motricité serait : être capable de renvoyer la balle en coup droit en la frappant sur le côté. Puisque les élèves ont tendance à jouer devant eux avec cet alignement œil-raquette-balle-cible. Donc mon objectif au niveau de la motricité sur cette première leçon, c’est vraiment de casser ça. Et d’être capable de simplement renvoyer sur la première leçon mais en frappant déjà la balle sur le côté.

Et mon objectif éducatif, ce serait : compter sans tricher. Je mets comme tu disais tout à l’heure un système d’équipes en place (même si c’est une activité plutôt individuelle le tennis de table) avec des systèmes de comptage. Donc mon objectif éducatif, c’est être capable de compter sans tricher. Et je note ces deux phrases au tableau pour que les élèves aient bien en tête ce qu’on va faire durant la leçon.

tennis de table regis galek

M.P : Là tu donnes une illustration très concrète de ce que je pense. C’est-à-dire que l’on a besoin d’être guidé, savoir où on va et ce qu’il faut faire. Parce qu’à la limite, si tu ne connais pas l’objectif, si tu ne sais pas où tu veux aller, comment tu peux définir l’itinéraire ? Alors que si tu sais exactement ce qui t’attend, sur quoi tu vas être évalué, et bien tu t’organises. Tu organises ta motricité pour répondre à cet objectif. Quand l’objectif est tellement flou ou inexistant, on fait un peu ce qu’on veut.

R.G : Parfois, ce n’est pas très clair aussi dans la tête du collègue. Ce n’est pas évident en EPS car on a parfois une quinzaine, une vingtaine d’APSA à enseigner ! Et on ne peut pas non plus maîtriser malheureusement toutes les activités. Sur certaines activités, je pense que ce n’est pas très clair non plus dans la tête de l’enseignant donc c’est pour ça qu’on navigue un petit peu à vue comme tu le disais ! Et du coup, ce n’est pas forcément très clair non plus pour les élèves à ce moment-là.

M.P : De toute manière, on reviendra peut-être un peu sur cette question-là, la connaissance des APSA me semble importante. Et peut-être de plus en plus négligée dans les formations STAPS. Mais justement connaître une APSA c’est pouvoir choisir parmi les objectifs qui sont 1/ atteignables et 2/ intéressants. D’ailleurs, on n’a pas à tout travailler de toute façon en milieu scolaire. C’est faire sentir aux élèves les stratégies à adopter pour obtenir tel ou tel résultat. Et une fois que les élèves ont compris cette logique-là, libres à eux en milieu hors scolaire d’approfondir cela.

A une époque, on parlait « d’EPS en miettes » maintenant j’aurais tendance à dire que c’est de « l’EPS en poudre » ! On veut tout faire et résultat : on n’a pas le temps de tout faire. Alors après on se plaint qu’on n’a pas d’horaire. C’est vrai, on n’a pas suffisamment d’horaires. Mais si au moins on consacrait ces horaires à des objectifs très identifiés et bien réfléchis par rapport à des APSA qu’on maîtriserait peut-être mieux, je pense que ce serait plus facile.

R.G : Mais pour ça il faudrait que les programmes guident davantage les enseignants. Mais ça c’est ma conception personnelle…

M.P : Encore une fois, j’ai toujours milité pour ça. Moi je ne suis pas plus critique que ça au niveau des enseignants, surtout pas. Mais je pense qu’on les a beaucoup culpabilisés, on leur a donné des surcharges d’objectifs à atteindre. En oubliant que c’est peut-être tout simplement en donnant des exemples au travers d’activités de type varié que les élèves pourraient après être capables de construire leur vie physique. Parce que notre but c’est bien qu’ils soient capables après de maîtriser leur vie physique.

Si on ne leur donne pas certains éléments, on a des déviances qui sont extrêmement importantes. Comme des gens qui vont dans des salles de musculation, qui tractent des barres, qui se font plus de mal que de bien, des gens qui ne connaissent pas leur niveau et qui se lancent dans des trucs absolument aberrants, sur des trails par exemple.

R.G : Donc se centrer sur quelques objectifs bien ciblés.

M.P : Oui, voilà, des objectifs bien identifiés, adaptés au niveau des élèves et bien se mettre d’accord là-dessus. Les programmes pourraient peut-être aider d’ailleurs.

R.G : Exactement. Alors si je résume tes 5 astuces, l’idée générale était vraiment d’essayer de faire adhérer les élèves et de créer les conditions de leur motivation durant la leçon d’EPS. Pour cela , tu nous a proposé 5 astuces avec ton expérience. La première est de créer des systèmes d’équipes. Ensuite faire participer les élèves à la création des systèmes d’évaluation. La troisième est de s’assurer que au moins la moitié du temps soit consacrée à transformer la motricité des élèves. Ensuite tu as insisté sur le fait de motiver les élèves pour venir à l’AS. Et enfin on a terminé sur donner des repères aux élèves sur les transformations visées à chaque leçon.

M.P : Tout à fait, c’est fort bien résumé ! Rires

R.G : Je te remercie Michel ! Alors on enchaîne. Est-ce que tu aurais des ressources particulières à recommander aux collègues ou aux futurs collègues qui nous regardent aujourd’hui pour les aider dans leur pratique quotidienne, dans leur leçon d’EPS au quotidien ?

EPS: des ressources pédagogiques

CAPEPS

M.P : Alors c’est toujours difficile de donner des exemples, des choses comme ça. Mais pour avoir maintenant du temps libre, je me replonge un peu dans la littérature professionnelle. Et je m’aperçois que, même si je suis pas du tout performant en informatique, sur les sites internet quelquefois on voit des trésors de séances ou d’exercices, qui sont élaborés par des collègues qui font part d’une expérimentation.

R.G : Les profs d’EPS sont très imaginatifs et inventifs pour ça, c’est vrai.

M.P : Mais bien sûr ! Quelquefois parfaitement justifiées par rapport aux fondamentaux d’une APS par exemple. Encore une fois, on revient sur ça, quand on ne connaît pas bien une APS on a tendance à se focaliser sur des points qui paraissent être les points centraux mais qui ne le sont pas ! Par exemple, on s’étonne : « ah oui le gamin démarre plus vite quand il démarre debout que quand il démarre en start ! ». Oui bien sûr et c’est même pour ça que le départ en start n’est pas une pratique de vitesse qui est intéressante en milieu scolaire par exemple. Ou alors c’est parce qu’on évalue sur une forme d’adresse et non sur une forme d’efficacité. Je donne cet exemple mais c’est ce qui me vient à l’esprit. Ou bien quand les gamins lancent plus loin sans élan parce que l’élan pour la plupart, c’est une source de déséquilibre.

R.G : Donc ça serait pour toi des articles par exemple très concrets dans la revue EPS ?

M.P : Oui, des articles du style. Par exemple, faire des courses à handicap sur des courses de vitesse. Il y a un de mes anciens collègues-élèves qui propose justement des courses à handicap en vitesse. Il prend les perfs et puis il calcule ce que ça représente comme différence sur la métrique et puis il fait courir les gens avec un handicap. Le plus faible devant mais à la distance où il peut jouer la victoire avec le plus fort parce que justement ça a été fait correctement. Ça ce sont des choses géniales.

Ou bien une transformation si on veut être axé sur autre chose. Lors des cinq ou six premiers Jeux Olympiques, le champion olympique du javelot était celui qui lançait le plus loin bras-droit, bras-gauche. C’était la pratique sociale de référence. Pourquoi en milieu scolaire on n’essaierait pas de faire ça comme on veut toucher à la motricité ? C’est la transformation des pratiques sociales pour qu’elles soient de plus en plus éducatives et adaptées aux possibilités des élèves. Et ça, il y en a plein des propositions comme ça.

R.G : Bon je me permets aussi de rajouter, peut-être que tu n’oses pas le dire, mais tu as été filmé de nombreuses fois dans le cadre de tes interventions à l’AEEPS. Et tu as fait plusieurs conférences, des ateliers de pratique aussi. Elles sont disponibles en ligne et elles donnent aussi beaucoup d’informations et d’éléments pour les collègues.

Moi je me souviens particulièrement de celle de Nancy où on t’avait invité, tu es venu et effectivement, on a développé des ressources ce jour-là !! Je m’en souviens très bien parce que le soir j’ai même eu une petite montée de fièvre tellement tu nous avais fait pousser la machine ! Donc ce week-end-là reste inoubliable pour moi. Rires

M.P : Oui et ça met en évidence, contrairement à ce qu’on essaye de nous inculquer, que le développement des ressources est relativement facile. On dit qu’on ne peut pas en EPS développer les ressources des élèves. Et en revanche, on le peut en club ! Mais quand on regarde le sport, je ne parle pas du sport de haut niveau mais du sport en club, les gamins qu’est-ce qu’ils ont comme volume horaire en club ? Un entrainement dans la semaine et un match le samedi éventuellement quand ils ne sont pas sur la banquette ! Donc, ils n’en font pas plus que ce que nous on pourrait leur proposer, et même moins s’ils venaient à l’AS.

Proposition d’un outil pédagogique : fabriquer son kit pédagogique personnel

eps college lycee

R.G : Alors est-ce que tu as un outil pédagogique ou plusieurs à conseiller pour aider les collègues aussi dans leur cours d’EPS ?

M.P : Alors au-delà de ce que je viens de dire sur la capacité à transformer pour adapter les pratiques sportives, les APS au niveau des élèves, je pense qu’un enseignant d’EPS qui réfléchit bien sur les activités qu’il propose devrait se construire un petit matériel personnel. Déjà créer un petit matériel, un petit jeu de haies/croisillons qu’il se fabriquerait lui-même…

R.G : Un petit kit pédagogique personnel ?

M.P : Un petit kit pédagogique oui. Des lattes, des choses comme ça, au-delà du matériel qu’on lui propose et qui est institutionnel.

Et puis je pense qu’il faudrait qu’il s’imprègne du fait que les classes étant différentes, que les élèves étant différents, qu’il faudrait adopter des styles d’enseignement qui soient différents. On dit que l’enseignant expert, c’est l’enseignant qui est capable d’adapter son style d’enseignement. Et pas toujours être soit directif, soit libertaire j’allais dire, laisser faire la nature mais d’être capable d’évoluer avec des rigueurs. C’est-à-dire il y a des choses qu’on ne change pas, on les a décidé ensemble, on ne les change pas. Donc faire preuve de rigueur en adaptant son style d’enseignement.

Aussi autre chose c’est de communiquer son enthousiasme pour l’activité physique. Je pense qu’on a une très belle profession. Il faut qu’on l’aime et pas qu’on se culpabilise. Montrer aux élèves et être une forme d’exemple. Je sais, ça fait très ringard mais dans la tenue vestimentaire, dans sa tenue à soi. Montrer que justement la pratique physique c’est aussi une pratique qui peut évoluer vers la santé, soit peut-être un peu représentante de ce que pourrait être une santé active.

R.G : Oui, c’est clair, je partage.

M.P : Encore une fois, ça fait donneurs de leçons là quand je te dis ça comme ça mais je le pense vraiment.

R.G : Je partage ton point de vue. C’est l’idée qui est à retenir, ce n’est pas être donneur de leçons et je comprends ce que tu veux dire. Très bien. Est-ce que pour finir tu as un petit cadeau à partager avec les gens qui nous ont suivis jusqu’au bout de cette interview ?

Partage d’un petit cadeau EPS à nos lecteurs

M.P : J’aurais tendance à dire aux gens qu’ils ne sont pas obligés de tout inventer dans toutes les APSA et de trouver des solutions originales dans toutes les APSA. Retrouvez la lecture des articles qui étaient vraiment des articles professionnels dans la revue EPS par exemple, dans laquelle vous pouvez aller chercher des articles qui sont quasiment des recettes à mettre en œuvre immédiatement. Comme de la bonne cuisine avec des recettes. Ceci est vrai aussi en éducation physique.

Il y a plein de gens, il y a plein de collègues fantastiques qui ont écrit et produit dans les revues professionnelles. Certes, je sais qu’elles sont de moins en moins lues alors peut-être parce qu’elles ont aussi un peu évolué et qu’elles relatent un petit peu plus les recherches de certains étudiants Staps mais il y a des productions de collègues sur le terrain qui pourraient être reprises et  donner du corps à nos séances.

R.G : Donc tu voulais partager un article, dont tu nous as parlé tout à l’heure dans l’interview, sur la course de vitesse de Serge MORTH dans la Revue EPS n°274. On mettra les références en dessous de l’article et il sera disponible en téléchargement.

M.P : L’article concerne les courses de vitesse à handicap et là, moi, je les ai vues fonctionner ces séances-là.  Et il y a une motivation de la part des élèves qui est fantastique. Parce que chacun peut gagner et moi je pense vraiment qu’un élève ça préfère gagner que perdre. On est tous pareil ! Au moins ça débouche sur une forme de réussite, c’est un tout petit aménagement mais ça amène une telle transformation de la motricité. Et dans l’attitude des élèves aussi : là on fait de la vraie formation. Il y en a d’autres des articles mais celui-là il est particulièrement intéressant.

R.G : D’accord merci beaucoup Michel pour cette interview et le partage de tes conseils. Je te souhaite une bonne continuation dans tous tes projets, je sais qu’ils sont nombreux même si tu es en retraite ! On a eu du mal à trouver un créneau pour enregistrer cette interview d’ailleurs. Je sais que tu es encore très actif donc garde encore ton enthousiasme et cette énergie pendant de longues années. Je te souhaite vraiment une bonne continuation.

M.P : Je te remercie beaucoup. Et puis je souhaite plein de courage et plein d’enthousiasme aux collègues qui, soit dit en passant, paient ma pension ! Rires

Donc travaillez bien et faites-vous plaisir.

R.G : Profite-en Michel! Rires

On remercie les collègues qui nous ont suivis aujourd’hui et j’espère que Michel vous a apporté des pistes de réflexions et d’actions à tester prochainement avec vos élèves. Prenez bien soin de vous et de vos proches. A bientôt pour une nouvelle interview et le partage de nouvelles ressources. Allez, au revoir.

M.P : Au revoir.

Si tu as apprécié cette interview avec les conseils concrets de Michel PRADET, celles-ci devraient également te donner des pistes de réflexions et d’actions concrètes: les 5 astuces de:

AEEPS Mireille AVISSE

A bientôt pour le partage de nouvelles ressources 😉

On partage et on progresse ensemble…

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