Tu trouves qu’il n’est pas toujours facile de transformer tes élèves durant une leçon d’EPS. Qu’il y a de nombreux paramètres à prendre en compte lors de ta préparation de leçon et ensuite sur le terrain face à ta classe.
Ma série d’interviews « Les 5 astuces pour transformer les élèves durant une leçon d’EPS » a pour objectif de t’apporter des outils concrets pour te sentir plus à l’aise face à tes classes.
Si tu souhaites bien comprendre le principe et la trame de chaque interview, cette vidéo de 2 minutes va tout t’expliquer 😉
Pour cette nouvelle interview, j’ai eu le grand plaisir d’échanger avec un collègue très connu et reconnu dans le monde de l’EPS: Nicolas MASCRET.
Sans plus attendre, je te laisse prendre connaissance des 5 astuces de Nicolas 😉
Si tu as des questions, des remarques suite à cette interview, tu peux les laisser dans la partie commentaires sous la vidéo YouTube ou dans les commentaires en bas de cet article 😉 Je t’invite également à apporter « ton pouce à l’édifice » en cliquant sur le pouce bleu sous la vidéo YouTube afin d’améliorer le référencement de cette interview.
3 possibilités s’offrent à toi maintenant pour suivre cette interview: la vidéo YouTube (clique sur l’image ci-dessous), la bande son (en dessous du lien vidéo) ou l’article (en dessous de la bande son).
Tu souhaites écouter cette interview sous forme de podcast? Par exemple, dans les transports en commun ou pendant ton footing, pendant une balade dans la nature…Clique sur le bouton ci-dessous:
Les 5 astuces de Nicolas MASCRET pour transformer les élèves durant une leçon d’EPS
Régis GALEK : Bonjour à toutes et à tous. Dans le cadre de ma série « Les 5 astuces pour transformer les élèves durant une leçon d’EPS », j’accueille aujourd’hui une personnalité très connue dans le monde de l’EPS. Il est maître de conférences à l’Université d’Aix-Marseille. Il est aussi très souvent cité dans les copies de concours que ce soit au CAPEPS ou à l’Agrégation. Il s’agit de Nicolas MASCRET. Alors déjà un grand merci à toi Nicolas d’avoir accepté cette interview. Je sais que tu as un emploi du temps très chargé actuellement donc je te remercie vraiment de prendre un petit peu de temps pour nous partager tes 5 astuces aujourd’hui.
Nicolas MASCRET : Merci Régis pour l’invitation, c’est vraiment avec plaisir.
R.G : Super. Est-ce que tu peux, dans un premier temps, présenter brièvement ton (très riche) parcours professionnel ?
N.M : J’ai eu mon CAPEPS en l’an 2000, mon Agrégation en 2002. J’étais prof d’EPS pendant 6 ans en établissement scolaire (en collège et en lycée pro) en banlieue marseillaise et en banlieue parisienne (dans le 95). Je suis rentré assez rapidement à Marseille et j’ai été pendant 2 ans formateur associé à l’IUFM. Et après j’ai quitté les établissements scolaires pour intégrer le STAPS de Marseille en tant que PRAG et depuis 2010, je suis maître de conférences avec le côté enseignement, le côté responsabilité et le côté EPS où je travaille sur la motivation, le stress et sur l’acceptation des technologies.
R.G : On va dire aussi à nos lecteurs que tu viens d’obtenir ton HDR (Habilitation à Diriger des Recherches) ce qui est un niveau de diplôme très élevé dans l’enseignement supérieur. Donc félicitations aussi à toi pour cette très belle réussite !
N.M : Merci, cela me permet de diriger des thèses tout seul maintenant, comme un grand ! Rires
R.G : Rires. Tu interviens aussi beaucoup dans le cadre de l’AEEPS. Tu es aussi membre du CEDREPS au niveau national. Et tu fais environ 2 interventions par an dans le cadre de l’AEEPS.
N.M : C’est bien ça voilà, c’est mon engagement associatif. C’est le fait de répondre aux sollicitations des collègues. J’essaie de limiter mes déplacements, à la fois familialement et professionnellement en gérant environ 2-3 interventions par an.
R.G : En tout cas on en a parlé en préparant l’interview, je me souviens beaucoup de ton intervention à Nancy, à l’AEEPS de Nancy-Metz, en septembre 2017. Tu avais réussi à réunir 130 collègues sur l’atelier de pratique en badminton !! C’est vrai que nous, au niveau du groupe de pilotage, on avait été un peu perturbé car il y avait une longue file d’attente devant le gymnase…C’est la première fois que cela arrivait donc tu avais attiré les foules dans notre académie et je sais qu’ailleurs c’est le même scénario !
N.M : C’est un grand souvenir pour moi également ! C’est comme si j’étais dans la peau du prof d’EPS puisque c’était de la pratique badminton. Et quand je voyais le monde je me disais « bon alors ce que j’ai prévu, je peux pas faire, ça je peux pas faire non plus ! ». Et les collègues se sont retrouvés 10 par terrain ! Et donc on a fait trois heures de badminton à 10 par terrain. Après une énorme peur au départ, finalement c’est l’un de mes meilleurs souvenirs professionnels parce que ça a globalement bien tourné malgré le fait que les 130 collègues à l’échauffement se croisaient dans tous les sens. Donc c’est un souvenir assez original mais un très bon souvenir quand même !
R.G : Nous aussi on a un super souvenir. Et c’est une des qualités du prof d’EPS que de savoir s’adapter…même quand il y a 130 personnes. Rires
N.M : Les sureffectifs de l’Éducation Nationale, j’espère que ça n’ira jamais jusque-là ! Rires
R.G : On espère aussi ! Bon c’étaient 130 personnes bien disciplinées ! Rires
N.M : Quoique les profs d’EPS ne sont pas toujours aussi disciplinés que les élèves mais c’est ça qui fait tout le charme aussi des interventions ! Rires
R.G : On va rentrer maintenant dans le cœur de notre interview avec le partage de tes 5 astuces. On peut démarrer par la première.
Première astuce : l’importance du critère de réussite
N.M : La première astuce c’est quelque chose qui me tient particulièrement à cœur. C’est l’importance du critère de réussite. Quand les élèves sont confrontés à une tâche et une situation d’apprentissage, s’il n’y a pas un critère de réussite qui est proposé au départ, à quoi bon ? Pour moi, le fait d’avoir un critère de réussite, c’est la différence entre l’animation sportive et l’EPS.
Pourquoi ? Parce que dans l’animation sportive on fait du sport, de l’activité physique, de la pratique pour faire du sport et de l’activité physique. Alors que lorsqu’on a un critère de réussite, on fait ce sport, cette activité physique dans l’optique de viser quelque chose, d’obtenir quelque chose, de réussir quelque chose. Et vu que ce critère de réussite est forcément lié à un objet d’enseignement, il est forcément lié à ce qu’on travaille. On oriente grâce à ce critère de réussite l’activité des élèves vers l’apprentissage et vers ce qu’il y a à apprendre.
Donc ma première astuce serait vraiment sur le critère de réussite dans une tâche. Or on sait très bien, en tant que formateur d’étudiants, que quand ils font des stages sur le terrain, le critère de réussite c’est souvent le fameux 7 sur 10. Cela ne veut rien dire 7 sur 10 parce que souvent (et je sais qu’il y aura des candidats au CAPEPS et à l’Agrégation qui liront cet article !), quand on dit 7 sur 10 ça ne veut rien dire. Est-ce qu’il y a déjà 10 essais dans la situation d’apprentissage ? S’il n’y a pas 10 essais, le critère de 7 sur 10 ne veut donc rien dire. Il faut réfléchir sur le critère de réussite.
Par exemple, je cite les travaux de Jean-Luc UBALDI, que tu as déjà interviewé, avec son temps et ses coups de bras en natation, c’est un critère de réussite. L’élève, quand il fonctionne, a un objectif à atteindre en termes de temps sur 25 mètres, un objectif en nombre de coups de bras à atteindre sur 25 mètres. Et donc forcément son activité est finalisée. Et dès qu’il a fini, il sait s’il a réussi ou pas et à quelle distance de la réussite il peut être. Donc ça c’est ma première astuce. Quelque chose de fondamental. Je le dis pour moi la différence entre l’animation sportive et l’EPS, c’est le critère de réussite.
R.G : Moi j’ai beaucoup aimé dans ton article sur le badminton « Gagner ou perdre avec la manière » les 3 phases du critère de réussite que tu mentionnais.
La première phase qui est plutôt motivationnelle où l’on va donner un critère de réussite plutôt facile aux élèves qui entrent dans l’activité. Ensuite, une deuxième phase qui a une fonction de différenciation où là en fonction des terrains on va avoir des critères de réussite différents. Et ensuite dernière phase qui a une fonction d’identification de l’apprentissage où là, le critère de réussite va être le même pour toute la classe pour valider ou pas la compétence. Je trouve que ça permet vraiment d’avoir des repères sur toute la séquence d’enseignement.
N.M : Tout à fait et tu vas voir que pour moi, tout est lié et que souvent quand on a différentes astuces, à la fin quand on les met ensemble, ça revient à identifier ta démarche d’enseignement. Donc on va voir qu’il y a des éléments que je reprends comme des astuces et qui sont forcément liés aux critères.
R.G : OK ! On peut passer à la deuxième astuce alors.
Deuxième astuce : l’importance de la connaissance du résultat
N.M : La deuxième astuce c’est justement l’importance de la connaissance du résultat. C’est-à-dire que c’est lié au critère de réussite mais la connaissance du résultat peut être sous d’autres formes. La connaissance du résultat peut être quelque chose de quantitatif comme un critère de réussite mais ça peut être aussi quelque chose de qualitatif. Les chercheurs dans les années 80-90 parlaient de la connaissance de la performance c’est-à-dire avoir des informations plus qualitatives sur ce qu’on vient de faire.
Ces conseils qui peuvent être donnés par un observateur ou par un professeur mènent à une connaissance du résultat qui est fondamentale pour l’apprentissage. Parce que sans connaissance du résultat, au final, il est impossible de se réguler ou de s’autoévaluer. Il est donc quasiment impossible d’apprendre parce que sans connaissance du résultat, les élèves se réguleront uniquement par rapport à leur ressenti (ce qui est très intéressant) mais est-ce que le ressenti est quelque chose qui est pertinent du point de vue de l’apprentissage ? Sommes-nous dans la bonne direction ?
Je me souviens d’une de mes élèves qui m’avait dit « Monsieur, je vais faire un arrêt cardiaque ». Donc première chose, je l’arrête bien entendu. Elle avait une fréquence cardiaque de 120 pulsations/minute. C’était une gamine de 6ème qui n’était pas du tout sportive. Et en montant dans les tours au niveau cardiaque, elle n’avait pas l’habitude de ressentir des sensations un peu bizarres par rapport à la « non pratique sportive ». Et donc par manque de connaissance du résultat, elle ne se permettait pas d’aller beaucoup plus haut et beaucoup plus loin. C’est donc cette connaissance du résultat qui va permettre de réguler l’activité des élèves pour leur permettre d’apprendre.
C’est pour moi une astuce qui va bien au-delà d’une simple astuce, c’est même une condition d’apprentissage fondamentale.
R.G : Je valide, je suis tout à fait d’accord avec toi. On peut enchaîner alors.
Troisième astuce : bien saisir la notion de différenciation des tâches
N.M : Il s’agit de la notion de différenciation, la notion d’individualisation. On sait très bien que c’est un des gros slogans de l’école qui s’adresse à chaque élève : « La réussite de tous c’est la réussite de chacun ». Au-delà du slogan, c’est aussi pour moi une nécessité. Et on sait très bien qu’en EPS, on a la même diversité que dans les autres disciplines auxquelles on rajoute la diversité corporelle : la diversité morphologique et la diversité physiologique. Cette diversité est forcément un problème professionnel qui est rencontré par le prof d’EPS. Et donc savoir la gérer est quelque chose de fondamental.
Et là quand on veut gérer cette diversité, on est confronté à une autre difficulté professionnelle qui est la faisabilité. Comment proposer quelque chose qui est à la fois individualisé mais qui est faisable, tenable sur le terrain ?
L’idée centrale et qui renverrait à mon astuce, c’est le fait de proposer la même tâche à tout le monde mais qu’à l’intérieur les niveaux d’exigence soient différenciés. Donc là, ça combine à la fois la prise en compte de la diversité des élèves mais aussi la faisabilité où je gère non pas 3 ou 4 tâches en même temps dans ma leçon. Je n’en ai qu’une et qui est souvent toujours la même d’une leçon à l’autre pour donner des repères aux élèves.
C’est la fameuse forme de pratique scolaire. Et donc là j’ai le côté faisabilité et j’ai aussi le côté gestion de la diversité. Je renvoie toujours à ceux qui passent le CAPEPS ou l’Agrégation quand dans une leçon il y a par exemple trois groupes de niveaux qui sont identifiés dans le dossier et que l’on propose trois situations d’apprentissage différentes. Les jurys vont toujours poser la question : « Comment faites-vous pour gérer ça ? » ou « Comment faites-vous pour transmettre les consignes ? » ou bien encore « Vous avez trois groupes d’élèves. Pendant que vous transmettez la consigne à un groupe, que font les deux autres groupes ? ». Bref, ce sont des questions de faisabilité où au final d’un point de vue didactique ça semble très pertinent de dire « J’ai trois situations d’apprentissage différentes » mais côté faisabilité, comment faites-vous ? »
R.G : Oui, c’est très compliqué à gérer.
N.M : Tout à fait. Et donc justement : comment pourrait-on se sortir de cela ? Ce serait l’idée d’avoir une même tâche pour tout le monde avec la différenciation pédagogique. Ce serait donc une forme de pratique scolaire qu’on va retrouver plusieurs fois tout au long de la séquence mais qu’à un moment peut-être sortir certains élèves de cette forme de pratique scolaire pour aller dans ce que Jean-Luc UBALDI appelle « la petite boucle ».
Une situation plus technique, plus décontextualisée qui, à ce moment-là, peut être différente de ce qui sera proposé à 2 ou 3 autres groupes de niveaux dans la classe.
Donc, vu que les autres élèves sont en train de fonctionner dans la forme de pratique scolaire, le prof peut se permettre à un moment de sortir 6, 7, 8 élèves. Et leur faire faire une petite situation technique pendant que les autres sont en train de tourner. Donc là, le côté faisabilité est toujours présent tout en ayant la possibilité de proposer des situations plus décontextualisées qui sont vraiment spécifiquement adaptées à la diversité des élèves. C’est le cœur de ma troisième astuce.
R.G : Je suis tout à fait d’accord avec toi. C’est vrai, tu fais bien de le souligner, souvent les étudiants ou ceux que j’ai en stage sur le terrain dans mon établissement se retrouvent face à deux ou trois groupes de niveau et me demandent : «Alors Monsieur on fait quoi ? On vous envoie deux ou trois leçons différentes ? ». Non, ce n’est pas possible sinon la gestion sur le terrain devient très compliquée. Parfois, les stagiaires veulent quand même tester. Je leur dis « Allez-y ! testez ! ». C’est parfois le meilleur moyen de se rendre compte qu’au niveau de la gestion sur le terrain ça devient alors très compliqué de gérer 2 ou 3 leçons différentes pour une même classe !
N.M : On l’a tous fait et moi le premier quand j’étais jeune prof. Je voulais tellement « donner à manger à tout le monde » que j’arrivais avec ma batterie de situations d’apprentissage. Et finalement je ne faisais que 10% de ce que j’avais prévu ! De plus, ayant toujours été en milieu difficile, j’avais plus de problèmes de discipline parce qu’au final je n’arrivais pas à gérer ce côté faisabilité. Je pense que le plus gros pas en avant que j’ai eu en tant que prof d’EPS, c’est quand j’ai commencé à mettre en œuvre des formes de pratiques scolaires.
Avec ces formes de pratique, la question qu’on a toujours derrière la tête, c’est de se demander si les élèves ne vont pas se lasser sur une séquence de 8 leçons à faire toujours la même chose ? En fait ça dépend de ce qu’on propose. Si ce qu’on propose effectivement c’est « chiant comme la mort », c’est sûr qu’ils vont se lasser très rapidement. Mais si la forme de pratique scolaire leur permet de jouer, d’apprendre et de le faire chacun à leur niveau, au final, c’est quelque chose qu’ils vont retrouver avec plaisir. Et où on va gagner un temps fou dans la transmission des consignes. Les formes de pratiques scolaires sont souvent des situations assez complexes, qui font perdre du temps au début de la séquence dans la transmission des consignes mais qu’on gagne à la fin. Parce que finalement, au bout de 3 ou 4 séances, il suffit de claquer dans les doigts pour que les gamins se mettent tout seuls en place. Ils savent déjà ce qu’ils vont faire.
Finalement, la peur que j’avais en tant que jeune prof de lasser les élèves est devenue le principal intérêt parce que c’était hyper confortable. Et ça me faisait gagner du temps. Et ça me permettait aussi du point de vue de la gestion de la différenciation des élèves, de faire l’autre partie du job du prof d’EPS qui est d’aller voir les élèves, les conseiller, les relancer et leur donner un petit conseil technique. Ce que je n’arrivais pas à faire avant puisque j’étais tout le temps en train de gérer des situations d’apprentissage !
R.G : Le mot important c’est vraiment « confortable ». C’est vrai que ça le devient pour les enseignants avec une forme de pratique scolaire. Sinon quand on a plusieurs groupes, plusieurs leçons, on ne fait que courir etc. et on vit aussi mal la leçon que l es élèves. On l’a tous vécu, on l’a tous testé. Et le fait d’avoir une forme de pratique scolaire, c’est agréable, ça permet de souffler un peu, de prendre du recul et comme tu le disais, se concentrer davantage sur les élèves, donner des feedbacks surtout si on a ciblé un objet d’enseignement précis.
N.M : Ce que je dis souvent à mes étudiants c’est qu’apprendre, ça prend du temps. Et s’ils changent tout le temps de situation d’apprentissage, il faut que les élèves comprennent précisément ce qu’on attend d’eux, ensuite il faut qu’ils essaient, qu’ils cherchent et se stabilisent. Ça prend un temps fou.
R.G : Et en 8 minutes, ce n’est pas possible.
N.M : C’est clair et même je serais plus large que toi en disant que même si la situation dure 40 minutes, en 40 minutes ils n’ont pas le temps de faire tout ça ! Finalement, dans la plupart des cas, qu’est-ce qu’ils ont appris ? Ils ont appris un dispositif mais n’ont pas appris à être efficaces dans ce dispositif-là. C’est pour cela que c’est aussi un des intérêts de la forme de pratique scolaire de laisser le temps d’apprendre. D’autant plus qu’on sait bien que les élèves n’apprennent pas tous à la même vitesse.
R.G : OK, je pense que c’est clair, on peut passer à la 4e astuce 😉
Quatrième astuce : commencer le processus d’apprentissage par une réussite plutôt que par un échec
N.M : Ma 4ème astuce, comme tu l’as évoqué tout à l’heure, c’est de commencer le processus d’apprentissage par une réussite plutôt que par un échec. C’est un peu paradoxal parce qu’en fait le principe de l’apprentissage c’est d’apprendre quelque chose parce qu’on n’arrive pas à le faire. Faut apprendre quelque chose de plus ou quelque chose de nouveau pour y arriver. Forcément le principe de l’apprentissage c’est d’être confronté à quelque chose qu’on ne sait pas faire.
Sauf que d’un point de vue motivationnel, quand un élève n’est pas très fort en EPS, voire qui n’aime pas l’EPS, souvent, le premier contact qu’il a avec une activité physique, sportive ou artistique c’est l’échec. Parce que d’entrée de jeu, il est face à une situation d’apprentissage avec un critère de réussite qui a un niveau qui correspond à ce qu’il devrait être capable de faire en 3, 4, 5 ou 6 leçons. Que se passe-t-il à ce moment-là ? L’élève se dit qu’il est en échec. Peut-être que la forme de pratique est sympa et motivante, on joue, mais il n’y arrive pas. Marquer 8 points dans la zone dangereuse en badminton, il n’y arrive pas. Faire 32 secondes en natation, il n’y arrive pas, etc. Du coup, c’est quelque chose qui est assez problématique pour moi.
Et donc, en termes d’astuce, c’est de proposer aux élèves en difficulté ou en perte de motivation, des exigences au tout début de l’apprentissage qui sont moins élevées parce que ça va leur permettre de réussir. Même si l’exercice est facile, réussir ça fait du bien, surtout quand on ne réussit jamais. En revanche, en rester à ce niveau-là dans la 4ème astuce ça ne serait pas suffisant. Parce qu’au final je serais un bon prof de bonheur-plaisir mais pas un prof d’EPS. Mon but c’est de faire apprendre quelque chose à mes élèves, ce n’est pas seulement de les faire bouger !
Si je reste sur cette phase de réussite démagogique du début, ça n’ira pas. Donc l’idée c’est de commencer par de la réussite pour accrocher les élèves pour, petit à petit, augmenter le niveau de difficulté pour le surmonter. Il est plus facile de se mettre dans une démarche d’apprendre quelque chose quand il y a déjà de la réussite avant plutôt que se trouver d’emblée nul en EPS et se voir proposer quelque chose à faire qui mène droit à l’échec. Ça renforce alors le sentiment d’incapacité et fige d’autres tentatives et ainsi de suite. C’est le fameux cercle vicieux de l’impuissance.
R.G : Ça rejoint les 3 phases du critère de réussite dont on parlait tout à l’heure.
N.M : Tout à fait.
R.G : Super, on peut passer à la dernière astuce alors.
Cinquième astuce : Confronter les élèves aux fondements culturels des activités
N.M : La dernière astuce concerne les fondements culturels des activités et sur le fait de confronter les élèves à ces fondements. Je sais qu’il y a pas mal de discussions sur l’EPS pour enlever le « S » ou pas etc. Déjà, ma première remarque serait de dire que c’est génial qu’il y ait des débats en EPS car s’il n’y a plus de débat en EPS on est mort ! Donc là le fait que ça discute prouve le dynamisme de la discipline.
Personnellement, en tant que membre du CEDREPS de l’AEEPS, travailler sur les fondements culturels des APSA est quelque chose qui m’a toujours interpellé avec l’idée de permettre aux élèves de vivre une vraie expérience dans les APSA. Une vraie expérience d’apprentissage mais aussi une vraie expérience comme disait Maurice PORTES « une tranche de vie singulière » de volleyeur, de pongiste, de badiste ou de grimpeur etc. Et vivre cette vraie expérience permet à l’élève d’être confronté à la dimension des apprentissages culturels, des objets de savoir qu’il y a à l’école. Être confronté à cette expérience-là est quelque chose d’extrêmement important.
Et ce qui est assez paradoxal et là où les profs d’EPS ont une imagination fantastique, c’est que très souvent pour mieux confronter les élèves aux fondements culturels des APSA, on est obligé de tordre les APSA, de faire ce qu’on appelle « une transposition didactique ».
Par exemple, quand mes collègues d’Aix-Marseille, Ghislain Hanula et Éric Llobet proposent le relais-vitesse en 12 secondes en athlétisme, je trouve ça absolument génial d’un point de vue des fondements culturels. Parce que même quand on fait du 2×40 mètres en athlé, les élèves ne vivent pas tous la même expérience sur 40 mètres. Car on a des gamins qui sont hyper sportifs et qui vont faire du 40 mètres en 6 secondes et demi parce qu’ils sont bons et puis des gamins qui vont faire le 40 mètres en 11-12 secondes.
Que se passe-t-il ? Ils ne vivent pas la même expérience parce que d’un point de vue physiologique, ils n’ont pas la même production d’acide lactique. Et donc ne vont pas vivre l’expérience du relayeur qui consiste à faire perdre le moins de temps possible entre le départ et l’arrivée. Et que pour ça, il faut que le donneur arrive à une vitesse la plus élevée possible et que le receveur soit à la vitesse la plus élevée possible. Et si finalement, on ne tord pas la pratique sociale, on ne va pas permettre à certains élèves et notamment les élèves les plus en difficulté de vivre cette expérience-là.
Donc là par exemple, à travers le 12 secondes en relais vitesse, on va permettre de confronter les élèves aux fondements culturels des APSA sans faire un copier-coller de la pratique sportive à l’extérieur. Donc ma position autour du débat du « S ou pas du S » en EPS, comme toute position c’est quelque chose qui est très discutable (et j’en discute avec les collègues volontiers) c’est qu’à se couper du sport et se couper de la pratique sportive qui existe à l’extérieur de l’école, c’est une erreur pour moi d’un point de vue de la légitimité culturelle de l’EPS.
Et faire un copier-coller des pratiques sportives en EPS serait une erreur tout aussi grande. Donc, finalement, ça va être toute la compétence des enseignants d’EPS de créer des formes de pratiques scolaires qui permettent de vivre une expérience culturelle, une expérience artistique, une expérience sportive tout en permettant d’apprendre aussi bien aux élèves qui sont « déjà sportifs » qu’aux élèves qui sont en extrême difficulté. Il s’agit de montrer la spécificité des profs d’EPS, montrer toute l’intelligence de création des profs d’EPS. Montrer que l’EPS c’est pas du sport et que nous avons des contraintes qui sont spécifiques, de faisabilité, de diversité des élèves qui font qu’au final on ne fait pas du sport. Mais qu’on peut leur faire vivre une expérience sportive comme pourrait la vivre un sportif de haut niveau. Un gamin en extrême difficulté sur 40 mètres, pour lui le « vite » de ce gamin là, ce n’est pas le « vite » du sportif. Mais s’il court ses 40 mètres ou s’il court sur son 12 secondes à fond, ça c’est une expérience sportive qui est adaptée à son niveau.
R.G : D’accord super. C’est vrai qu’il y a une vraie réflexion actuellement dans la profession sur, comme tu le disais, le côté sportif ou même sur les formes de pratiques scolaires. Je trouve qu’il y a une vraie évolution depuis quelques années.
N.M : Alors oui et je mettrais un bémol quand même. C’est qu’on n’est pas bon (et dans le « on » je me mets dedans sans problème) pour communiquer là-dessus.
R.G : Sur l’image de l’EPS, je suis d’accord avec toi. Pour les parents, les chefs d’établissement, les collègues d’autres disciplines etc. on reste toujours des profs de sport !
N.M : C’est bien ça. Et quand on parle justement à des personnes qui ne sont pas dans l’EPS, quand on leur montre ce qu’on fait, elles se rendent compte que ce n’est pas la vision qu’elles ont de l’EPS parce que ce n’est pas forcément l’EPS qu’elles ont vécue ! Et donc ça, c’est vraiment quelque chose qui pose problème.
R.G : Effectivement elles ont encore souvent en tête que l’EPS rime avec performance.
N.M : Bien sûr, il n’y a pas que la performance. C’est montrer qu’en EPS on peut permettre à tous les gamins, même ceux qui sont en difficulté ou qui n’ont pas les ressources initiales de se développer. Le problème actuel c’est un problème pour moi plus global : on est sur un problème de communication comme par exemple le « sport-santé ». Le « sport-santé » et je suis désolé de le dire : c’est n’importe quoi ! Le sport peut être l’inverse de la santé. Tout dépend de la façon dont c’est fait.
On a l’impression d’être dans les années 60 avec le sport qui a des vertus qui s’enseignent, que les discours prônent que faire du sport c’est la santé ! Mais ça dépend…si vous regardez n’importe quel Instagrameur ou Instagrameuse de bas de gamme qui vous fait faire des exercices de musculation, ça me fait peur ! Les gamins et les gamines qui les regardent et qui refont la même chose se cassent la santé…et pourtant ils font de l’activité physique.
Donc là qu’est-ce qu’on propose concrètement pour éviter de tomber dans ces travers-là ? C’est comme quand on dit « le rugby, c’est les valeurs ». Dans le rugby effectivement, il peut y avoir des valeurs mais ça dépend de la façon dont on l’enseigne. Si votre entraîneur vous dit « vas-y, tue-le ! » je ne vois pas où sont les valeurs ! Et pourtant, c’est toujours le rugby ou le judo qui va canaliser l’agressivité etc. Bref, on a l’impression d’être dans les discours des années 80/90 sur : est-ce que les APSA sont éducatives en elles-mêmes ? La réponse est non, ça dépend de la façon dont on va les enseigner.
C’est pour ça que je parlais des fondements culturels sur faire faire du sport en EPS c’est le meilleur moyen d’exclure la majorité des élèves et certainement la meilleure façon de s’exclure de l’école en tant qu’enseignant d’EPS. C’est vrai, pourquoi payer des enseignants d’EPS recrutés à BAC + 5 alors qu’on peut prendre des éducateurs sportifs qui coûteront beaucoup moins chers et leur proposer des CDD ? Donc, l’idée c’est de montrer comment on va pouvoir vraiment communiquer autour de ce qu’on fait en EPS parce qu’il y a plein de choses au quotidien qui se font et qui sont fantastiques et on n’en parle pas ou on ne sait pas vraiment bien en parler. Je suis le premier à me mettre dedans en disant que l’on devrait communiquer différemment pour montrer ce que l’on fait.
Désolé je dépasse peut-être un peu le cadre des astuces mais là c’est le cœur qui parle.
R.G : On le sent ! Rires
N.M : Je trouve ça dommage parce qu’il y a des trucs fantastiques qui se font tous les jours et on ne communique pas assez dessus.
R.G : Je suis vraiment d’accord avec toi. C’est vrai que c’est une profession où ça réfléchit beaucoup et les collègues font vraiment des choses extraordinaires. On l’a vu aussi avec le confinement et c’est vrai, je pense, qu’il faille réfléchir dans les semaines ou dans les mois à venir sur cette communication. Et vraiment sur ce qu’est l’EPS pour qu’il y ait une réelle visibilité même au niveau politique, au niveau des chefs d’établissements, des parents d’élèves etc.
Alors on va avancer un peu, je résume si tu veux bien tes 5 astuces. Cela permettra aux lecteurs de se les remettre bien en tête :
- Premier conseil : l’importance du critère de réussite qui est lié à un objet d’enseignement dans une APSA.
- Deuxième conseil : l’importance de la connaissance du résultat pour réguler l’activité des élèves et qu’ils puissent aussi s’autoévaluer.
- Troisième conseil : l’importance de gérer la diversité des élèves donc de proposer la même tâche à tout le monde avec une différenciation à l’intérieur de cette tâche (et ne pas proposer deux ou trois leçons différentes en fonction des niveaux).
- Quatrième conseil : commencer le processus d’apprentissage par une réussite pour que les élèves puissent prendre du plaisir en EPS.
- Cinquième conseil : confronter les élèves aux fondements culturels des activités, leur faire vivre une tranche de vie de volleyeur, de badiste etc.
Est-ce que, maintenant, tu peux conseiller ou proposer des ressources aux étudiant(e)s, collègues pour les aider dans leur pratique quotidienne ? Ça peut être une revue, un ouvrage, un site internet…
N.M : Je vais en proposer de plusieurs types. Pour le premier type, je vais rester très classique parce qu’en même temps ça fait partie de notre histoire et je l’espère de notre futur de profs d’EPS. C’est forcément la revue « Enseigner l’EPS » qui est publiée par l’AEEPS et aussi « Les Cahiers du CEDREPS ». Ça fait partie de notre « paysage classique » mais en même temps on y retrouve toujours des choses qui permettent de renouveler la réflexion et comme on disait tout à l’heure de débattre. Et donc ça c’est vraiment quelque chose qui est pour moi toujours pertinent et j’espère que ça continuera longtemps.
Le deuxième type de ressource qui est un petit peu différent, (ce n’est pas pour faire de la publicité !), c’est la collection « Pour l’action » des éditions Revue EPS. C’est une collection dans laquelle j’ai la chance d’être co-directeur avec David Adé. Sur une thématique précise, l’ouvrage fait 128 pages et mixe trois chapitres théoriques et scientifiques et trois chapitres plus professionnels. C’est très souvent sur l’EPS mais ça peut être aussi sur le sport, sur l’activité physique adaptée et sur différentes thématiques comme par exemple, celle en préparation sur l’évaluation, sur le surpoids et l’obésité, sur l’inclusion etc. Il y en a qui ont déjà été publiés sur la citoyenneté, la motivation, les stéréotypes, le genre etc.
Donc ça permet à la fois d’avoir des billes concrètes sur le terrain mais aussi d’avoir une prise de recul avec des auteurs qui sont sollicités parce qu’ils sont spécialistes du domaine et parfois les meilleurs mondiaux dans leur domaine. C’est très intéressant parce que souvent cette prise de recul scientifique permet de se poser des questions professionnelles qu’on ne se posait pas forcément jusqu’alors.
R.G : Ça permet de justifier scientifiquement sa pratique au quotidien. C’est intéressant aussi pour les étudiants ou les collègues qui passent l’Agrégation d’avoir des illustrations concrètes de terrain et en même temps d’avoir les justifications scientifiques et théoriques qui vont avec.
N.M : Exactement. Et très souvent quand on fait quelque chose qui marche sur le terrain, on se rend compte qu’il y a des chercheurs qui ont travaillé dessus et on l’ignorait jusqu’alors. Parce que peut-être que les essais ont été publiés en anglais, peut-être que ça n’a pas été diffusé dans des revues professionnelles etc. Donc c’est vrai que ça m’intéresse d’avoir ce double regard, d’autant plus en tant que chercheur dans le cadre de mon parcours professionnel.
Un troisième type de ressources c’est le groupe Facebook « EPS Mania » qui est vraiment une mine de ressources, il y a environ 15 000 membres, c’est énorme et c’est génial parce que c’est à la fois une communauté d’entraide et puis une communauté professionnelle. Alors après il a le défaut de sa qualité, c’est-à-dire qu’il y a beaucoup de choses mais ce qui est génial pour les collègues et les étudiants c’est que les différents modérateurs (que je salue par l’intermédiaire de cet article) mettent tout le temps en place des choses comme une gazette bimensuelle, un drive pour organiser le flot d’informations qui arrive. C’était un peu ce qui se passait avant avec le site, le forum Pepsteam. En revanche, la difficulté, c’est d’aller chercher les bonnes informations et de ne pas être submergé par le flot d’informations et de données.
R.G : Il y a différentes rubriques quand même pour s’y retrouver. C’est vrai qu’il y a beaucoup d’informations…
N.M : En fait c’est une des compétences actuelles et qu’on ne travaille pas assez à l’école, c’est apprendre à chercher, sur des outils et sur internet. Parce qu’au final on est dans une société où on a trop d’informations (qu’il faut apprendre à trier !) et dans laquelle on doit avoir un regard critique sur l’information. Si on perd notre regard critique au final on va être des applicateurs et en étant applicateurs c’est le meilleur moyen que ça ne marche pas quand on teste sur le terrain. Donc avoir ce regard critique sur toutes les propositions c’est ce qui les fera avancer et qui fera avancer la discipline sans faire de copier-coller.
R.G : Oui, toujours avoir l’idée d’adaptation des leçons à ses élèves, c’est clair.
N.M : C’est ça et c’est ce qui est pour moi le gage de réussite d’une situation, d’une forme de pratique scolaire proposée par un collègue quel qu’il soit. C’est ce truc-là qui m’intéresse, qui m’interpelle et que je vais mettre à ma sauce d’un point de vue professionnel ou dans mon oral de CAPEPS ou dans mon oral d’Agrégation etc.
Le dernier type de ressource que je recommanderais, c’est tout ce qui se passe un peu comme ce que tu fais là c’est-à-dire des capsules vidéo, des publications des collègues sur le Café pédagogique, la Tribune de Didier Delignières etc. Bref, avec les moyens actuels de communication tout ce qui permet de faire vivre l’EPS, de la faire débattre donc de la faire exister.
Le fait qu’il y ait tous ces éléments de diffusion au service de la profession fait partie de la construction professionnelle autant qu’un article de la revue EPS ou des Cahiers du CEDREPS. C’est pour cela que je participe volontiers à cette interview parce que ça permet de faire vivre aussi cette dimension de la diffusion professionnelle.
R.G : C’est sûr. Tu ne nous en as pas parlé parce que tu es quelqu’un de modeste (je sais on se connaît rires) mais tu as coordonné aussi récemment un ouvrage avec Maxime Travert et Olivier Rey intitulé « L’élève lycéen en EPS » (Dossier EP&S N°89). Est-ce que tu peux nous en dire quelques mots ?
N.M : C’est ça, c’est le dossier EPS numéro 89 et c’était quelque chose qu’on avait en tête puisqu’en 2010 on avait déjà sorti « L’élève débutant en EPS » (Dossier EP&S N°78), en 2012 on avait sorti « L’élève débrouillé en EPS » (Dossier EP&S N°81). Et on avait toujours en tête de faire « l’élève lycéen » avec des collègues de l’académie d’Aix-Marseille qui pour beaucoup d’entre eux n’avaient jamais publié mais qui faisaient des super trucs sur le terrain.
Donc l’idée c’est de discuter autour de 23 APSA au lycée avec des présentations de formes de pratiques scolaires, de justifications, de contenus, de situations d’apprentissage, d’outils d’évaluation. Et ce, dans un but de partage professionnel mais aussi de discussion parce qu’il y a des collègues qui forcément ne sont pas d’accord avec telle ou telle proposition etc. Et comme je disais tant qu’il y a du débat, il y a de la vie donc c’est notre contribution actuelle de débattre sur un enseignement de l’EPS au lycée.
R.G : D’accord, super merci.
Est-ce que tu aurais au-delà de toutes les ressources que tu viens d’évoquer un outil pédagogique à partager avec les collègues qui nous lisent et qui pourrait les aider dans leur quotidien ?
N.M : J’ai longuement réfléchi à ce que je pourrais proposer comme outil pédagogique. Je me suis dit peut-être une fiche de travail un peu originale ou un truc comme ça. Et puis en fait hier en préparant mon intervention, je me suis dit que je vais présenter un « outil révolutionnaire hautement technologique » ! Il s’agit d’un bouchon. Rires
Cet outil révolutionnaire c’est un bouchon. Pourquoi donc un bouchon ? C’est déjà un clin d’œil à mon pote Pascal Perrin qui a écrit un article dans le Cahier du CEDREPS qu’il allait compter en tennis de table le type de points marqués par ses élèves grâce à des bouchons. Les élèves ont un sac avec des bouchons qui est accroché à la table de tennis de table. Et l’arbitre, plutôt que de mettre des croix dans une case avec un stylo sur une fiche ou de remplir une tablette, prend des bouchons qu’il met sur le côté du filet. Et à la fin de la manche, l’élève a une connaissance du résultat qui est visible immédiatement.
Quand j’ai lu ça, je me suis dit : c’est génial. Pourquoi ? Parce qu’on a souvent reproché aux enseignants d’EPS d’utiliser du papier-crayon, des fiches en 3 dimensions avec 12000 critères etc. Par contre, comme je l’ai dit tout à l’heure, avoir une connaissance du résultat de son action, avoir un critère de réussite c’est primordial. Car s’il n’y en a pas, on ne peut pas apprendre ou beaucoup moins bien apprendre. Donc, cet outil pédagogique du bouchon c’est un élément qui permet aux élèves de leur donner une connaissance du résultat sans avoir besoin de papier-crayon.
C’est pour cela que je dis que pour moi ce petit bouchon, c’est un outil pédagogique parce que c’est une façon de donner une connaissance du résultat sans fiche, sans papier et sans crayon. Pour moi c’est un outil pédagogique et je disais de façon un peu provoc « hautement révolutionnaire et technologique » rires car ça permet aux élèves de donner une connaissance du résultat sous une autre forme.
R.G : Comme tu dis, l’élève a une connaissance du résultat immédiatement dès qu’il regarde les bouchons mais c’est aussi hyper intéressant pour le prof qui arrive et tout de suite en un coup d’œil voit le niveau de réussite des élèves plutôt que regarder sur la feuille où ils en sont, c’est vraiment très pratique.
N.M : C’est un vrai outil pédagogique et tu as raison de signaler pour le prof parce que c’est vraiment très intéressant pour lui ou pour elle aussi.
R.G : C’est clair.
Cette interview touche à sa fin, est-ce que tu as maintenant un petit cadeau pour les personnes qui nous ont suivies jusque-là ?
N.M : Je ne sais pas si c’est un cadeau mais en tout cas, là aussi je me suis beaucoup questionné. Et vu que j’ai insisté dans mon intervention sur ce qui m’anime, c’est le lien théorie-pratique. J’ai beaucoup parlé des pratiques parce que c’était l’objectif de l’entretien mais le lien théorie-pratique me tient toujours à cœur.
Et donc le petit cadeau, c’est en fait trois liens (voir tout à la fin de cet article) qui vous permettent d’accéder à une conférence donnée l’année dernière organisée par le Rectorat de Dijon sur la motivation en EPS. Vous aurez accès à l’enregistrement vidéo et au diaporama qui permettent de donner des points d’appui explicatifs et théoriques sur les 5 astuces que je vous ai données tout à l’heure. Sur la connaissance du résultat, sur l’individualisation, sur la réussite où je reprends ces éléments-là mais en y mettant des soubassements théoriques et notamment du point de vue des théories de la motivation. Bien qu’il soit prétentieux de dire que c’est un cadeau, en tout cas si ça vous intéresse, c’est quelque chose qui vous permettra d’aller plus loin d’un point de vue théorique et d’avoir un lien théorie-pratique.
R.G : Merci beaucoup en tout cas pour ce partage.
N.M : Merci à toi de m’avoir sollicité. On a dépassé un petit peu le temps prévu mais je me connais, je suis un grand bavard et puis dès qu’on parle d’EPS j’ai tendance à développer un peu. Rires. Merci en tout cas pour ta sollicitation, merci à tous ceux qui liront cet article et qui verront ce remerciement ça veut dire que vous êtes allés au bout! Donc merci d’être allés au bout et à bientôt pour la suite des aventures ! Parce qu’il va se passer certainement beaucoup de choses en EPS dans les prochains mois et les prochaines années entre la réforme de la formation des enseignants et tout ce qu’il se passe avec le sport à l’école et le protocole 2S-2C, on va avoir besoin de futurs profs et de profs pour défendre tout ça.
R.G : Et travailler sur la communication on l’a bien compris tout à l’heure. C’est vrai que ça va être un gros chantier pour nous et pour la profession prochainement. Un grand merci à toi Nico, je sais que tu as un emploi du temps qui est très chargé, merci vraiment pour ce partage, pour cette interview très riche et je suis sûr que les collègues vont pouvoir l’utiliser et mettre en pratique tes 5 astuces sur le terrain.
N.M : Avec grand plaisir.
R.G : Bonne continuation à toi et tu reviens quand tu veux dans l’académie Nancy-Metz. Souviens toi, tu as un record à battre, 130 personnes donc quand tu veux tu peux revenir, tu es bienvenue ! Rires
N.M : Avec plaisir là aussi. Rires
R.G : Et puis merci, tu le disais, à toutes celles et tous ceux qui ont suivi cette interview jusqu’à la fin et n’hésitez pas à partager cette interview si elle peut aider des collègues autour de vous, leur apporter des pistes de réflexion, d’action. N’hésitez pas à la partager. Bonne journée à vous et je vous dis à très vite.
N.M : Bonne journée à tous !
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Bonjour Nico, bonjour Régis,
Un double bravo pour vous deux et un double regard de mamie dans la vie et en Eps mais aussi de future « cliente » de Régis pour le même exercice que je suis entrain de préparer…
Au titre de nouvelle membre du Cédreps de Rouen et d’ancienne élève de l’ENSEP filles (1964-1967-68!!!) je vais donc résolument m’inscrire dans la continuité de l’exposé de Nico… avec mes apprentissages d’élève en cours de gym des années 50!!! (éclectisme des méthodes et des profs qui intervenaient à l’époque => mais que nous apprenaient-ils donc?!!!)
Je pense que j’aurai juste à parler des repères acquis sur le corps.
Donner pour cela des astuces d’organisation et d’animation de la classe issues de ma formation en EPS des années 60 à l’ENSEP filles,( donc datée historiquement mais pas seulement ) correspondant à chacune des astuces présentées par Nicolas que je rejoins complètement sur le fait que nous avons à faire un véritable effort de communication « extérieure » à notre « tribu ».
L’un de ces efforts commence sans aucun doute à chaque niveau de COM avec les personnes qui nous côtoient dans les établissements, les gymnases et piscines, le quartier, le club, la municipalité… Pour le grand public qu’est-ce qu’on affiche de notre métier, qu’est-ce qu’on en dit par rapport à ce que montre la TV, à ce qu’en disent les journalistes…
Nous devrions pouvoir en discuter et approfondir la réflexion sur les outils existants et des collègues compétents ont je crois déjà bien avancé… Continuons le « combat »!!! Bien amicalement à vous Mireille
Merci ! Podcast très intéressant, enrichissant et qui nous permet de prendre du recul sur notre enseignement et la discipline.
Bonjour.
Un grand merci à vous deux pour ce podcast très intéressant qui m’amène à pousser toujours et encore ma réflexion sur mon métier afin de toujours mieux former mes élèves !