Est-ce que tu as déjà entendu parler du Roundnet, cette pratique physique encore méconnue en France ? Quels sont les avantages de cette pratique pour la proposer à des élèves en EPS ? Quelle démarche d’enseignement adopter dans le cadre scolaire ? Et avec quel matériel ?
Antoine HERSIN, professeur d’EPS et spécialiste de cette pratique novatrice, a accepté de répondre à quelques questions et de proposer des pistes concrètes pour l’enseigner en EPS.
Régis GALEK : Antoine, peux-tu te présenter brièvement afin que l’on puisse mieux te connaître ?
Antoine HERSIN : Bonjour, je suis enseignant d’EPS depuis 2012. J’ai 37 ans. J’ai effectué mon année de stage dans l’académie de Nice puis je suis revenu dans mon académie (Lille). Plus précisément à Cambrai. Basketteur depuis mon plus jeune âge, j’affectionne tout particulièrement les sports collectifs. C’est ainsi que je me suis spécialisé dans le Roundnet, pendant le confinement et la période COVID, notamment pour apporter une activité collective et novatrice aux élèves malgré ce contexte sanitaire compliqué.
R.G : D’où vient ton intérêt, ta passion pour cette nouvelle pratique physique, le Roundnet, encore peu connue en France ?
A. H : J’ai découvert cette activité par hasard, un été à Fréjus. Un ami a sorti ce matériel étrange, j’ai essayé et j’ai tout de suite pris goût à cette activité ludique et fun.
Mélange de tennis et de volley-ball, on joue en 2 contre 2.
J’ai participé à un premier tournoi à Paris en 2019, avec beaucoup de défaites ! Ensuite, j’ai eu à cœur de le faire essayer à tous mes amis. Puis je m’y suis intéressé pour mes cours d’EPS pour amener quelque chose de nouveau aux élèves.
R.G : D’après toi, que peut apporter cette pratique pour les élèves dans le cadre d’une leçon d’EPS ?
A. H : L’avantage principal de cette activité est qu’il n’y a aucune représentation des élèves par rapport à d’autres sports collectifs (football, basket…) dans lesquels les élèves ont déjà joué, pour la plupart, avec leurs amis ou des membres de leur famille.
Les élèves ne connaissent pas cette pratique. A part quelques-uns qui ont pu voir des vidéos sur internet.
Cet aspect novateur permet à tous les élèves de s’engager pleinement, de vite entrer en activité. De plus, peu de matériel est nécessaire : un kit avec une balle pour 4 pratiquants.
Dans cette pratique, les élèves n’ont pas « peur » de la balle (comme cela peut être le cas parfois en volley-ball ou handball). Grâce à sa petite taille, chacun va pouvoir agir dessus rapidement, sans appréhension, afin de développer une motricité fine.
La lecture de trajectoires est également omniprésente tout comme l’aspect tactique avec l’intention de construire le point lors des attaques et des défenses. Enfin, la communication entre les pratiquants, les rôles d’arbitres, scoreurs ou observateurs sont également au cœur de cette pratique physique.
R.G : Tu es investi dans la Fédération Française de Roundnet, responsable du pôle éducation et formation. Quelles différences d’approches fais-tu entre le Roundnet en club et le Roundnet à l’école ?
A. H : Pour le Roundnet en club, nous sommes davantage tournés vers des entrainements qui préparent aux compétitions. Celles-ci se déroulent dès le retour des beaux jours (les tournois se jouent sur herbe en extérieur la plupart du temps). Le public est plus âgé et il faut se déplacer dans les grandes villes pour trouver une opposition ainsi que des clubs. Beaucoup de joueurs de Roundnet viennent des sports de raquette (tennis) ou collectifs (volley-ball…).
Le Roundnet scolaire permet aux plus jeunes de découvrir une nouvelle pratique physique, novatrice et de prendre du plaisir, tout en étant débutant. De part les formes de pratique différentes proposées suivant les habiletés motrices de chacun, il est possible de faire pratiquer des enfants du premier degré comme des étudiants en parcours sup. Tout en les faisant progresser au niveau de leur motricité, de leur sens tactique et sur des compétences méthodologiques et sociales.
R.G : Peux-tu préciser ta démarche d’enseignement pour un Roundnet scolaire ?
A. H : J’ai commencé à enseigner cette activité au lendemain du confinement. Il fallait pratiquer dehors, avec une distanciation entre les élèves et aucun contact. C’était donc le sport collectif parfait !
Ma démarche part du principe qu’il est parfois complexe d’avoir l’espace ou les infrastructures pour faire pratiquer une activité collective. Or, le Roundnet peut se pratiquer partout : dans un gymnase, dans l’herbe, sur le bitume, dans le sable, sur un terrain synthétique, sur de la neige même !
Lorsqu’on débute l’enseignement du Roundnet, il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup de place. Par la suite, les élèves envoient la balle plus loin et un demi-gymnase reste valable pour une classe de 28 élèves. De plus, il n’y a pas besoin de lignes, de chasubles ou de camps.
Pour répondre à l’hétérogénéité grandissante de nos élèves, des niveaux de pratique sont mis en place (1 à 5). Cela permet à tous d’être en réussite et d’avoir un projet individuel pour pratiquer et évoluer tout au long de la séquence d’enseignement et de leur scolarité.
Certaines activités de balle peuvent paraitre complexes pour des élèves qui n’ont jamais pratiqués. Le roundnet permet à tous les élèves de s’engager totalement dans l’activité et ainsi d’éviter toute forme de démotivation qui pourrait apparaître dès la première leçon dans une autre activité collective.
R.G : Peux-tu illustrer concrètement cette démarche d’enseignement ?
A. H : Oui, pour cela, je vous propose un document téléchargeable à la fin de cette interview. Il précise les origines du Roundnet via la marque Spikeball, les enjeux de formation pour les élèves ainsi que quelques situations pédagogiques concrètes utilisables avec vos classes. Une évaluation par compétence est également proposée.
Pour aller plus loin, vous pouvez également consulter mon padlet avec différents documents et des vidéos d’élèves en action dans cette pratique novatrice qui vont illustrer concrètement le document téléchargeable à la fin de cette interview : https://padlet.com/antoinehersin/le-roundnet-spikeball-fyb8h7h4sp0rjprn
R.G : Comment faire pour se procurer le matériel nécessaire si les professeurs d’EPS souhaitent programmer cette activité dans leur établissement scolaire ?
Le matériel avec un bon rapport qualité-prix se trouve chez la marque référence du Roundnet : Spikeball. Le matériel est garantie à vie. Il est possible d’en avoir chez les fournisseurs classiques mais à un prix très élevé ! D’autres enseignes vendent le matériel de Roundnet mais la qualité n’est pas toujours au rendez-vous, notamment pour un public scolaire qui ne prend pas toujours soin du matériel !
De par mon statut chez Spikeball (education specialist et ambassadeur), j’ai accès au matériel à un prix avantageux. Si vous êtes intéressé-e, vous pouvez me contacter à : antoine.hersin@gmail.com
Un grand merci à Antoine pour m’avoir fait découvrir cette pratique novatrice, pour avoir répondu à mes questions et pour le partage de sa démarche scolaire que vous pouvez retrouver dans le document en téléchargement ci-dessous ?
Bonne expérimentation avec vos élèves et n’hésitez pas à laisser vos premières impressions sur l’enseignement de cette nouvelle pratique dans les commentaires ci-dessous !