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Les 5 ASTUCES de François BEAUBRUN pour faire progresser les élèves durant une leçon d’EPS

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Tu trouves qu’il est parfois difficile de transformer tes élèves durant une leçon d’EPS. Qu’il y a de nombreux paramètres à prendre en compte lors de ta préparation de leçon et ensuite sur le terrain face à ta classe afin de faire progresser tous les élèves.

Ma série d’interviews « Les 5 astuces pour transformer les élèves durant une leçon d’EPS » a pour objectif de partager des outils concrets pour te sentir plus à l’aise face à tes classes 😉

Pour cette nouvelle interview, j’ai eu le grand plaisir d’échanger avec un collègue très expérimenté dans le milieu de l’EPS depuis + de 40 ans : François BEAUBRUN.

Sans plus attendre, je te laisse prendre connaissance des 5 astuces de François…

Si tu as des questions, des remarques suite à cette interview, tu peux les laisser dans la partie commentaires sous la vidéo YouTube ou dans les commentaires en bas de cet article 😉 Je t’invite également à apporter « ton pouce à l’édifice » en cliquant sur le pouce bleu sous la vidéo YouTube afin d’améliorer le référencement de cette interview.

3 possibilités s’offrent à toi maintenant pour suivre cette interview: la vidéo YouTube (clique sur l’image ci-dessous), le podcast (bouton bleu ci-dessous) ou l’article (en dessous du bouton bleu).

EPS Outre Mer

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Les 5 astuces de François BEAUBRUN pour transformer les élèves durant une leçon d’EPS

Régis GALEK : Salut chers collègues d’EPS ou futurs collègues. Bienvenue dans cette nouvelle émission, la huitième déjà, intitulée « Les 5 astuces pour transformer les élèves durant une leçon d’EPS ». J’accueille aujourd’hui un collègue avec une grande expérience dans le milieu de l’EPS depuis plus de 40 ans. Il est professeur agrégé en Martinique, formateur également, spécialiste d’athlétisme (il a même encadré des équipes de France lors de rencontres internationales): il s’agit de François BEAUBRUN. Un grand merci à toi François de partager ton expérience dans cette interview.

François BEAUBRUN, professeur agrégé d'EPS

François BEAUBRUN : Bonjour à tous! Moi aussi je suis très content de partager ces moments avec vous. J’ai pris connaissance de ton blog lors de mes formations en tant que formateur et avec mes collègues qui préparaient le CAPEPS et l’Agrégation.

R.G : On fait le lien justement, comme tu es en train d’en parler, pour la petite histoire, concernant notre rencontre. Tu es abonné effectivement à la newsletter hebdomadaire de mon blog EPS Régal. Et dans une newsletter il y a quelques semaines, j’ai invité les collègues qui le souhaitaient à me contacter pour partager leurs 5 astuces. C’est ce que tu as fait. Et depuis on a échangé par mail et par visio aussi. Et aujourd’hui nous réalisons cette interview donc merci à toi pour cette initiative et d’avoir accepté cette interview.

Le parcours professionnel de François BEAUBRUN

R.G: Avant que tu nous partages tes 5 astuces avec ton expérience dans le milieu de l’EPS, est-ce que tu peux retracer brièvement ton parcours professionnel pour que l’on puisse mieux te connaître François ?

F.B : OK, alors tu l’as dit, tu m’as présenté comme ça. J’ai plus de 40 ans d’expérience. D’abord en métropole puis après en Martinique, la terre de mon père, une expérience entre deux siècles puisque… tiens je vais vous faire un petit partage d’écran. Donc c’est un parcours d’enseignant entre deux siècles.

Enseigner l'EPS en Outre mer

C’est-à-dire qu’effectivement dans les années 80, lorsqu’on est en formation on a des choses, des valeurs, des technologies dépassées d’un autre siècle et puis on arrive aujourd’hui à quelque chose de complètement différent. Concernant mon parcours, j’ai été d’abord maître auxiliaire d’EPS dans une première tranche de vie. J’ai donc commencé à être devant des élèves quand j’avais 20 ans. Je travaillais et il y avait un concours qui était possible de faire à l’époque: ça s’appelait le CREPS que j’ai passé en 1980-1981 (le CREPS pour information c’est 435 candidats puis 35 places donc c’était sport, sport, sport, sport…).

Voilà donc j’ai vécu cette formation-là, je me suis vraiment éclaté pendant notre formation. Je crois aussi que tous les copains de notre promotion ont vraiment pris beaucoup de plaisir à vivre ces moments-là. C’est un métier en promo, en internat bref, c’était magnifique. Puis je sors prof-adjoint et en 1984 je me retrouve à Lens dans le nord de la France. C’est l’expérience du déplacement et ça me fait penser au film « Les Ch’tis » : tu pleures quand tu arrives et puis tu pleures quand tu repars! C’est exactement ça, une année superbe.

Puis après des années en banlieue et comme beaucoup de profs de l’époque, on est impliqué au niveau du sport et moi c’est l’athlétisme. Je monte une section sportive à l’époque en athlé à Saint-Leu-la-Forêt, dans le Val d’Oise, en région parisienne. Et puis, pour aller vite, s’ouvre à nous le CAPEPS interne et je me dis pourquoi pas le passer. J’ai une formation très portée sur le sport mais aussi sur l’histoire, l’anatomie, la physiologie et la psychologie des enfants. On avait quand même une formation humaniste, des gens comme Bertrand During par exemple qui était notre formateur.

Donc je reviens sur cette époque-là et le CAPEPS. Donc là j’essaye d’apprendre le chinois parce que l’évolution des terminologies c’est récurrent dans la profession donc il fallait que j’apprenne le chinois! Je le passe en 1992, je le loupe. Et entre parenthèses pour ceux qui font l’histoire du sport, le CAPEPS interne à l’époque, c’est deux écrits. Un écrit historique et un écrit didactique. Et puis après un oral 1 et un oral 2 + deux pratiques physiques. Vous voyez donc comment historiquement on a bien changé, on a simplifié aussi. Et puis je pars m’installer en Martinique et là je découvre un autre monde. C’est un petit peu ce que je vous montre sur cette photo-là en partage d’écran.

Enseigner l'EPS

R.G : Tu veux nous faire rêver dès le début de l’interview ! Rires

F.B : Voilà ! Alors sur ces images, il faut absolument relever que chez nous, il fait très chaud. Et on n’a pas les mêmes horaires qu’en métropole. Cela veut dire qu’il y a des moments, lorsqu’on est dehors, les élèves pratiquent, se mettent à l’abri, pratiquent, se mettent à l’abri, pratiquent etc. Et donc ça veut dire que les programmes qu’on va chercher à appliquer parfois, sont confrontés à nos conditions de pratique. Là elles sont un peu exceptionnelles: on voit des haies avec un préau bon ça c’est assez rare. On a souvent un morceau de mer avec des baies limitées et puis on doit enseigner l’EPS. Donc des fois on ne voit pas grand-chose. J’ai une autre image sur le lancer du javelot. Et tout d’un coup, comme on est toujours en extérieur, on peut avoir de grosses averses et on est obligé de se planquer! Voilà. Donc je ressors de ça.

J’ai eu ensuite l’Agrégation en 1997. Là je me mets vraiment à bosser. La première année, j’y arrive en pensant que je suis champion du monde et puis je me fais exploser, comme beaucoup! Donc je me dit, là faut peut-être que je bosse. J’avais l’avantage d’être entraîneur d’athlétisme, tu l’as dit un petit peu tout à l’heure. Cela veut dire que j’entraînais 11 mois sur 12, 5 à 6 jours par semaine. Donc j’étais vraiment dans les problématiques de l’enseignement et dans sa théorie.

A l’agrégation je m’en sors bien puisque je fais troisième. Et puis j’enchaîne sur la formation professionnelle. Je rencontre un prof d’université de la Guadeloupe, notre île sœur, qui me dit « T’es agrégé mais t’es pas formateur ». Je dis « comment ça ? ». Il me répond « T’es pas formateur. Pour être formateur, il faut se former ». Bref, tout à coup j’ai eu une opportunité: j’ai pu passer un DEA en distanciel avec la Guadeloupe. Et toujours sur la problématique d’entraînement: comprendre la relation de communication entre un entraîneur et des athlètes à haut niveau.

J’ai été aussi formateur au CAPEPS, à l’Agrégation. Et puis je me propose pour être détaché dans un lycée à Fort-de-France, pour être chargé de suivi scolaire des athlètes de haut niveau. J’étais jeune enseignant. Plus que deux heures par semaine, je m’occupais du suivi scolaire des athlètes de haut niveau et j’étais aussi entraîneur dans ce qui s’appelait à l’époque « Le Pôle France Athlétisme ». C’est à ce moment-là que j’ai pu honorer 5 sélections en équipe de France, de cadets juniors espoirs et « France A prime » (petit niveau).

Puis avoir une expérience extraordinaire de pouvoir voir les champions du monde en Jamaïque en 2000. Usain Bolt, champion du monde cadet, sans savoir que ça allait devenir Usain Bolt! Donc des expériences qui étaient extraordinaires. J’arrête tout ça en 2005 parce qu’à un certain moment je crois qu’on fait le tour d’une histoire. Je sors du lycée, je me retrouve dans un collège. On arrive à la fin ne vous inquiétez pas 😉 J’arrive dans un collège au Diamant qui est une jolie commune de la Martinique et j’y fais 13 ans.

Puis avec l’âge on se fatigue. Je demande à intégrer un lycée dans lequel je vais terminer ma carrière maintenant. C’est un lycée. Tout le monde sait ce qu’est d’enseigner dans un collège: il y a du bruit, de la discipline totale à faire et à réaliser. Je suis donc dans un lycée à Rivière Salée où j’ai à la fois des lycéens de seconde, première, terminale et puis, le vrai métier, chez les premières années CAP carrosserie et compagnie. Donc je retombe sur mes premières années au lycée professionnel Behal à Lens où là c’est le métier. J’appelle ça le métier : des enfants qui sont des enfants perdus, des cas sociaux… Tous ceux qui connaissent les classes difficiles connaissent cela. Et je suis content quand même de vivre cette dernière expérience avant d’arrêter. Voilà j’ai terminé!

R.G : C’est courageux de ta part en tout cas de finir ta carrière dans un établissement comme celui-là. Merci pour cette synthèse de ton parcours professionnel. Effectivement, ce n’est pas évident de synthétiser, en quelques minutes, 40 ans d’enseignement et ce riche parcours professionnel. On va enchaîner si tu veux bien François. Avec ta grande expérience, comme tu disais une quarantaine d’années d’enseignement de l’EPS, quelles seraient tes 5 astuces pour transformer les élèves durant une leçon d’EPS ?

EPS: les 5 astuces de François BEAUBRUN

Première astuce : la bienveillance

F.B : Alors je vais l’associer à une diapo et la première astuce c’est celle de la bienveillance. C’est une posture, être bienveillant avec ses élèves et avec le personnel qui nous entoure. Et ça c’est vraiment une astuce qui est très importante. Parce qu’on est un groupe, on fait société. Et les petits gestes, les petites routines du bonjour, du au revoir sont très importantes. Le bonjour et le au revoir au gardien ou à la secrétaire ou à la personne qui garde le collège. Tout ça, c’est quelque chose qui fait partie du métier. Moi je conseille cette astuce-là de la bienveillance.

C’est une posture, elle permet d’avoir beaucoup de retours après. Je voudrais envoyer ce message à tous les collègues: les jeunes et les moins jeunes. Cette histoire de bienveillance est quelque chose qui est au cœur de notre métier à mon avis, ce qui m’a donné envie d’être prof d’EPS. D’ailleurs, un jour j’étais en sixième et puis on avait deux « golgoth » profs d’EPS dans la cour, on était en train de courir autour d’eux et je me suis dis que je voulais faire ce métier-là, voilà.

R.G : D’accord très bien on peut enchaîner avec la deuxième si tu veux bien…

Deuxième astuce : apprendre tout au long de sa carrière de professeur d’EPS

F.B : La deuxième astuce c’est l’histoire d’apprendre tout au long de sa carrière. Apprendre, chercher, être ouvert, savoir ce qui s’écrit, ce qui se dit, voilà c’est vraiment une chose importante. J’aime bien cette citation : « Celui ou celle qui refuse d’apprendre vit dans un monde qui n’existe déjà plus ». C’est tellement vrai. Lorsqu’au hasard des rencontres, avec mes collègues (ceux qui ont mon âge ou légèrement plus jeunes!), je vois certains qui sont désabusés. Ils sont désabusés, ils n’en peuvent plus, ils sont fatigués, c’est toujours la même chose…C’est vraiment une astuce importante, apprendre, chercher à apprendre, chercher à se former pour pouvoir se transformer. C’est ma deuxième astuce.

R.G : Donc se former seul et avec d’autres tout au long de sa carrière…

F.G : Se former seul, se former avec d’autres effectivement. Oui, ça c’est une chose importante que tu dis Régis. Travailler avec des pairs, échanger avec des pairs, accepter des regards différents. Ça me fait penser à la préparation au concours. Lorsque j’étais avec mes pairs en train de me préparer au concours dans notre petite île de la Martinique. J’avais pris comme stratégie, lorsque j’écrivais quelque chose, que si mon collègue (candidat) ne comprenait pas, c’est que je m’étais mal exprimé. Il faut que je sois compréhensible. Donc si quelqu’un se prépare à un concours, pensez à ça. Si vous travaillez avec des pairs et si vous n’êtes pas compris, ce n’est pas parce que ce sont des cons, c’est parce qu’il faut mieux s’exprimer! Voilà, c’est ma deuxième astuce.

R.G : Faut être plus clair. C’est vrai que quand on a préparé cette interview on a discuté de ce point-là sur la formation. Et moi, c’est vrai que personnellement je continue à me former sur des sujets divers et variés tous les jours. On a cette chance-là actuellement de pouvoir se former. Que ce soit au travers des livres notamment, des conférences aussi sur internet. C’est un outil formidable avec les formations en ligne notamment. C’est pour cette raison que j’en propose également sur mon blog puisque je trouve ça vraiment hyper intéressant: https://epsregal.podia.com/

Même si, bien entendu, cela ne remplace pas le présentiel. Mais c’est quand même un outil formidable. Il y a aussi des groupes de réflexion en EPS. C’est vrai que j’apprécie particulièrement tout ce qui se fait au sein l’AEEPS: https://www.aeeps.org/public/On organise des week-ends pédagogiques dans mon académie. Mais l’AEEPS nationale organise aussi des week-ends pédagogiques dans chaque académie. Personnellement, j’encourage les collègues et les futurs collègues à participer à ce genre de week-ends pédagogiques qui sont toujours très riches. Il y a aussi le collectif CEDREPS https://www.aeeps.org/groupes/2-cedre-cedreps.html, que tu as rejoint dernièrement François donc bravo aussi à toi pour cette initiative. C’est un groupe national dans lequel on réfléchit sur l’évolution de la discipline. Donc il y a vraiment des choses à faire pour rester toujours dans cette dynamique, comme tu le dis, d’apprendre. Je cautionne vraiment à 200% ta deuxième astuce 😉

F.B : Je voudrais relancer, parce que tu me suggères des choses… Effectivement ce qui m’étonne c’est que je crois avoir 40 ans d’expérience et puis, tout à coup, je tombe sur ton blog EPSRégal. Et puis je trouve des propositions de Jean-Luc UBALDI et je me dis que ça me correspond complètement : simplifier et encore simplifier, c’est quelque chose d’extraordinaire. Là, le concept que je trouve topissime au sein du CEDREPS, c’est le ciblage didactique. Je suis comme Monsieur JOURDAIN dans Le Bourgeois Gentilhomme de Molière, j’en fais sans savoir! Maintenant je vois qu’il y a quelque chose de partagé et je suis très content de le faire au sein du CEDREPS.

R.G : C’est vrai que de plus en plus de collègues commencent à s’y mettre et à réfléchir sur le ciblage en EPS. Personnellement, je pense que ça devient une nécessité avec le public qu’on a actuellement, où il y a de moins en moins d’attention quand même etc. Et surtout, le fait de cibler quelques objets d’enseignements bien précis va permettre de faire progresser les élèves et les transformer notamment au niveau de la motricité.

EPS college lycee

F.B : J’aime bien aussi ce que tu as publié personnellement sur le tennis de table: https://www.epsregal.fr/le-tennis-de-table-au-college/ Et en parlant de ton expérience personnelle, je me suis retrouvé des années avant lorsque je voulais tout enseigner! Je pensais être en mesure de le faire parce que j’ai une grosse formation. Puis je suis agrégé alors je vais être dans la culture, la transmission de l’exhaustivité de l’EPS! Mais à présent, je cible l’essentiel et j’ai le sentiment et l’expérience que je peux vraiment donner le sourire aux élèves qui sont des éternels débutants et qui, tout à coup, réussissent!

R.G : Tu parlais de l’exhaustivité tout à l’heure. C’est vrai qu’en général, ça part quand même d’un bon sentiment de la part des collègues. On a envie d’apporter plein de choses aux élèves etc. Donc on leur propose tout un tas de contenus. Mais on s’aperçoit qu’au final, malheureusement, notamment quand on les évalue, qu’il n’y a pas eu énormément de transformations quand on fait « un zapping » de situations pédagogiques. Tu parles aussi d’éternels débutants, c’est souvent ce qui arrive.

Tu parlais tout à l’heure de tennis de table. J’avais aussi une formation, comme toi François, plutôt fédérale: brevet d’état 2ème degré. Et j’ai commencé à enseigner le tennis de table en faisant du coup droit, du revers etc. Et ce qui me désolait le plus, c’est quand j’évaluais les élèves et que je voyais leur niveau pendant cette évaluation! Ils étaient à nouveau face à la table et il ne se passait rien au niveau tactique. Il n’y avait pas de déplacement. Et je me disais qu’ils ne faisaient pas de tennis de table, ils ne vivaient pas une tranche de vie de pongiste. C’est parti de là cette idée de cibler, notamment de jouer tout en coup droit.

Régis GALEK tout en coup droit
https://youtu.be/Cztw8fsGueM

Cette forme de pratique scolaire en tennis de table concerne les débutants. Je le répète quand même parce qu’il y a certains collègues qui me disent: « oui mais là en terminale, ça ne va pas ta forme de pratique scolaire elle ne fonctionne pas! ». C’est bien pour un premier niveau de pratique. Je préfère quand même le repréciser pour les personnes qui nous regardent. C’est vraiment cette idée de transformer les élèves au niveau de la motricité pour qu’ils vivent une véritable tranche de vie de pongiste.

F.B : Oui, je voudrais quand même te rassurer ou préciser les choses par rapport à ce que tu as dit. Parce que moi, je suis quelqu’un qui cherche à apprendre donc je cherche à appliquer. Et donc avec mes premières années de CAP, je leur propose du tennis de table. Bon, allez on joue mais le revers, on n’a pas droit. Et bien tout de suite, le comportement se modifie! Et moi qui suis un ancien entraîneur d’athlé, attaché à l’observation des gestes, je vois toutes ces modifications d’appui et moi ça me parle beaucoup.

Ce que je voulais dire et partager aux collègues c’est que même en Terminale quand on est éternel débutant, il y a des choses qui fonctionnent. Par exemple, en début de carrière, j’étais dans un collège de Saint-Leu-la-Forêt (je salue Saint-Leu-la-Forêt au passage), on a essayé de faire du volley ball de la 6ème à la 3ème mais comme on nous avait appris au CREPS. Et en 3ème, alors qu’on faisait tous du volley de la 6ème à la 3ème, on avait quand les élèves qui se prenaient la balle sur la gueule! Donc c’est pour ça que je trouve que le ciblage didactique c’est vraiment quelque chose de puissant

R.G : Moi j’en suis convaincu. On peut enchaîner avec l’astuce suivante 😉

Troisième astuce: instaurer des routines dans la leçon d’EPS

F.B : Il faut absolument instaurer des routines. C’est très intéressant et très important ces routines. Par exemple, dans l‘enseignement en classe difficile, ce qui permet de rassurer les élèves ce sont les routines. Lorsque je me confronte avec des CAP, ceux qui sont en échec scolaire total, la moitié sont en décrochage scolaire bref, c’est: « Bonjour, carnet de correspondance, etc. ». Ce sont des routines qui rassurent.

C’est également lié à ce qu’on a dit tout à l’heure sur le ciblage didactique. C’est-à-dire que lorsque je fais la même chose, cours après cours, cette notion de « grande boucle » (que j’invite tout le monde à aller voir) fait qu’il y a des choses qui vont se transformer réellement. Parce que là (c’est la photo projetée ci-dessus), on passe toujours par le même chemin. Cette image-là est tirée d’un travail que j’avais fait en neuro-pédagogie, j’avais fait un CAFFA aussi…

R.G : Tu as oublié de nous le dire tout à l’heure mais tu avais tellement de choses à dire déjà ! Rires

F.B : Voilà ! Et là on s’aperçoit en ce moment sur la synaptogenèse (la façon dont les neurones se contactent entre eux) que grâce aux répétitions, à un certain moment, l’information va de plus en plus vite. Si on ne travaille plus, s’il n’y a pas de routine et bien, cette forêt et ce chemin se referment. C’est-à-dire qu’à ce moment-là, on va à l’encontre d’un apprentissage. Donc une routine, une « grande boucle », quelque chose que l’on fait sur 15 heures ou 12 heures d’enseignement, ça permet aux élèves d’être toujours confrontés à quelque chose d’analogue et donc d’apprendre.

Les routines sont à la fois des routines qui sont spécifiques à la motricité mais ce sont aussi des routines qui sont liées au contact, presque à la bienveillance. Les contacts avec les gens ce sont les moments où je les rencontre et les moments où je leur dis au revoir.

R.G : Ce qui peut inquiéter aussi parfois les collègues c’est de se dire « Oui mais on va remettre tout le temps les élèves dans la même situation donc ils vont s’ennuyer ». On peut jouer sur quelques variables didactiques et à ce moment-là, ils ont l’impression que ça change. Donc si ça inquiète les collègues, bien entendu, il y a des variables pour pouvoir jouer là-dessus.

F.B : Oui bien sûr. Je voudrais illustrer cela Régis. Là, j’ai une stagiaire MA1 en ce moment. J’essaie de lui transmettre un peu ces routines et ces façons de faire mais elle préfère avoir des objectifs différents à chaque leçon. Et là, on se recentre sur quelque chose de routinier en volley-ball.

enseigner volley eps

Mais à routinier, on y ajoute progressivement l’arbitrage par exemple. Et après on est sur la communication. Bref, à chaque fois on va rajouter. Là je parle sous ton contrôle, après il y a cette histoire de « petite boucle ». Cela veut dire quelque chose que je rajoute, qui permet de travailler un aspect spécifique au niveau de la motricité. Donc voilà des routines pour ma 3ème astuce. C’est une astuce extraordinaire qui concerne tous les enseignants.

R.G : Et ça permet surtout aux élèves de répéter et répéter et donc finalement de se transformer. Je refais le lien avec le tennis de table, parce que là ça me donne des idées aussi ce que tu dis. J’ai des collègues notamment quand j’interviens en formation professionnelle continue qui me disent: « Oui mais là tu fais du coup droit, ok, pendant 2-3 leçons. Mais après tu fais quoi? Tu abordes quand même le revers?». Cela les déstabilise, le fait de se dire que les élèves vont faire que du coup droit. Mais c’est justement en faisant que du coup droit qu’ils vont avoir une grande quantité de répétitions et, à un moment donné, se transformer. Ils vont faire du coup droit à un moment donné pour renvoyer la balle, après pour la placer et après pour l’accélérer. Donc effectivement dans les petites boucles on va travailler ces actions motrices mais toujours en coup droit!

F.B : Je suis complètement d’accord. Je partage complètement cela. Et les routines, c’est vraiment quelque chose d’important. Ce n’est pas routinier, ce sont des routines. Par exemple, cette fois-ci le chemin est en plein soleil. D’autres fois, il est sous la pluie. Donc il va se passer une routine sous la pluie avec peut-être beaucoup de gens qu’on va croiser etc. Il y a des choses qui vont changer dans cette routine.

R.G : Oui et ça donne des repères aussi aux élèves. Ils savent effectivement où ils vont. Là il y a l’image du chemin. C’est vrai que je ne m’attendais pas à ce que tu mettes cette image-là 😉 Le fait de les mettre sur ce chemin-là, ils savent aussi vers où ils vont et le bout du chemin ça peut être l’évaluation. Donc ils savent précisément vers où ils vont. Alors que si tu abordes plein de contenus différents, pour l’évaluation, ils ne savent pas trop sur quoi ils vont être évalués etc. Alors que si tu cibles vraiment quelques contenus, pour eux aussi, c’est clair dans leur tête et ils savent sur quoi ils vont être évalués.

F.B : Régis, en ayant accompagné beaucoup de collègues sur la préparation à l’Agrégation, j’ai observé quelque chose qui, pour moi, n’est pas une bonne routine. C’est je fais une séquence et la dernière leçon, je vais faire l’évaluation et les élèves vont découvrir l’évaluation! Alors qu’en enseignant toujours de la même façon, ce qu’on appelle « la grande boucle » ou la FPS (Forme de Pratique Scolaire), c’est quelque chose qui est là tout le temps dès la 3ème séance par exemple. Et les élèves ne vont pas être confrontés à quelque chose de nouveau le jour de l’évaluation.

EPS et handball

Par exemple pour preuve, je dirais que je vois des collègues (j’ai aussi fait des missions d’inspection) qui font de la montée de balle, de la passe à dix. Puis tout d’un coup, c’est match! C’est match à la fin parce que les élèves ont été sages. Là tout à coup on est dans la confrontation. Il y a des adversaires maintenant, il y a de l’incertitude etc. Au bout du chemin, il y a l’évaluation. Mais la situation dans laquelle on confronte les élèves pour l’évaluation, je pense que tu es d’accord avec moi, je la répète et ils ne la découvrent pas à la dernière séance!

R.G : Oui voilà c’est ça et ça diminue aussi le stress des élèves. Certains sont effectivement très stressés pour l’évaluation. Et le fait de déjà connaître cette forme de pratique scolaire, ça peut aussi les rassurer bien entendu.

F.B : Je suis d’accord avec cela. Et je dirais même qu’aujourd’hui, si on regarde les AFL au lycée, il y a des évaluations qui peuvent se faire en cours de chemin, au fil de l’eau. Pourquoi attendre le dernier cours pour pouvoir valider de l’arbitrage par exemple ? En les mettant en arbitrage, j’ai déjà observé que c’était OK. Tout ne se fera pas le jour de l’évaluation, au moment de l’arrivée.

R.G : On pourrait rajouter une petite rivière sur ton image et se dire qu’on peut évaluer au fil de l’eau l’arbitrage, l’observation etc.

F.B : Oui ça serait pas mal! Là près de l’arbre à gauche, ça sera l’arbitrage et un peu plus loin, ce seront toutes les tâches d’organisation…

R.G : Tu vois je m’adapte même si je ne m’attendais pas du tout à cette diapo-là ! Rires

Allez fais-nous découvrir à présent ta quatrième astuce François…

Quatrième astuce:

F.B : Alors l’improvisateur-organisé c’est ce que tu fais là justement ! Rires

R.G : J’essaie ! J’essaie ! Rires

F.B : Donc j’ai cette image: à la fois je dois concevoir en amont mon intervention et, dans l’incertitude, ce qui se passe réellement dans l’intervention, dans la séquence je dois être capable de réguler. C’est-à-dire même de changer complètement ce que j’avais prévu. Et ça, en 40 ans d’expérience pour moi c’est une évidence cette posture d’ingénieur-bricoleur. Je conçois et je bricole sans que bricoleur soit quelque chose de péjoratif. Bricoler, c’est artistique presque et ingénieur, c’est le concepteur.

R.G : Donc je prépare ma leçon en amont bien entendu mais je m’adapte sur le moment aux conditions du terrain, du vrai terrain.

F.B : C’est une rivière par exemple qui s’est mise au travers de mon chemin ! Chez nous par exemple, je fais le rapport avec les tropiques, on est vraiment sous-équipés en termes d’installations. Par rapport à ce que j’ai connu pendant des années en métropole. Et même en tant qu’élève où j’avais des conditions de pratique en région parisienne nettement meilleures que celles que j’ai vues là depuis 25 ans, 27 ans que je suis en Martinique. Il faut le dire ça aussi. Donc là, ce côté bricoleur intervient car on est obligé lorsqu’on a peu d’installations! Tu le sais aussi Régis, toi qui a parcouru beaucoup de postes, tu as dû voir de tout: avec du transport, avec des déplacements, tu arrives là-bas et le gymnase est fermé et on ne t’a pas prévenu!

R.G : C’est ça. Donc c’est ce que tu nous disais tout à l’heure quand tu nous as fait un peu rêver avec ces images de cartes postales. Mais effectivement vous avez en Martinique des conditions climatiques qui peuvent être compliquées. Comme tu me le disais quand nous avons préparé cette interview. Tu me parlais du basket où tu dois faire jouer les élèves cinq minutes et après ils doivent récupérer à l’ombre pendant cinq minutes parce que sinon c’est intenable pour eux! La natation, tu en as un peu parlé tout à l’heure, ça se passe souvent en mer avec les difficultés que ça peut comporter. Notamment au niveau des feedbacks etc. Donc c’est vrai que vous avez des conditions très particulières qui obligent effectivement à s’adapter et à devenir un ingénieur-bricoleur comme tu dis.

F.B : Voilà, ingénieur-bricoleur. Bon ce n’est pas de moi, j’ai récupéré ça de François-Victor Tochon qui est un enseignant expert. Par exemple, pour expliquer aux collègues, dans des îles comme la Martinique, très peu d’enfants savent nager en réalité, sauf les enfants issus des classes favorisées. On a 30 % des habitants de Martinique qui sont sous le seuil de pauvreté. C’est donc peut-être des conditions que connaissent aussi les collègues qui enseignent dans des endroits un peu difficiles.

Donc lorsqu’on doit appliquer des textes qui nous arrivent d’en-haut, faut vraiment bricoler parce que nous n’avons pas de piscine. Donc je peux pas voir ce que fait vraiment l’élève puisque vous avez vu la photo que j’ai mis tout à l’heure. C’est un espace de natation où il y a des gens qui vont se balader, où il peut y avoir de la houle, des arêtes de poissons, etc. Ces conditions font que nous sommes obligés de réguler et parfois revoir nos ambitions à la baisse ou bien envisager un ciblage: là on est vraiment obligé de cibler ! Rires

R.G : Les programmes EPS actuels sont tellement larges qu’ils permettent de bricoler. On ne va pas lancer une polémique sur les programmes mais c’est vrai qu’ils sont tellement larges, les AFC, les AFL, permettent de bricoler. Et donc de s’adapter aussi par rapport à certaines conditions.

F.B : Ils permettent de bricoler, je suis d’accord, et surtout de concevoir.

R.G : Oui, c’est l’avantage. Mais après, il est difficile de concevoir dans toutes les APSA! Il serait quand même intéressant, comme les anciens programmes, de donner au moins quelques repères. Même si les anciennes compétences attendues étaient critiquables, elles donnaient au moins quelques grandes lignes, des repères aux collègues et futurs collègues. Maintenant, il faut quand même aller chercher!

F.B : C’est ça, d’où l’idée de la première astuce: apprendre. C’est vraiment très important de se remettre en question.

R.G : On peut passer à ta cinquième astuce 😉

Cinquième astuce:

Evaluer les élèves

F.B : Simplifier, on en a déjà parlé: il faut que je sois le plus simple possible. Cette astuce a déjà été proposée sur ton site dans ton interview avec Jean-Luc UBALDI (et d’autres l’ont dit aussi). Moi je vais aller vers simplifier l’évaluation. Avec mes 40 ans d’expérience, j’ai vu des usines à gaz se présenter à moi pour les évaluations. J’étais en commission, j’étais en évaluation etc. et c’étaient toujours des usines à gaz! L’évaluation n’était pas simple du tout. Et pourtant, je partage vraiment cette idée-là, il s’agit de passer d’une motricité usuelle à une motricité plus évoluée. Cette motricité ou ce rapport à l’autre est médié par des activités sportives et physiques. Alors simplifiez! Ma 5ème astuce concerne donc l’évaluation.

Ça me fait penser à une anecdote. Je me rappelle, dans les années 80, il y avait des grilles d’évaluation extraordinaires. Et puis il y avait un dessin dans la Revue EPS où l’on voyait une grille de prison avec un enfant qui était comme ça là, et là c’était la grille d’observation. Ça me fait penser à ça, j’ai recherché ce dessin mais je ne l’ai pas retrouvé. Cette image-là m’a habité. Et puis quand je suis là en train d’évaluer, j’ai trente-deux élèves en bac et puis là-dedans je devais voir le comportement, si c’est l’attaque ou la contre-attaque, etc….

R.G : Six ou sept critères pour trente-deux élèves ça fait beaucoup !

F.B : Voilà donc ça faisait 3 secondes et demie par élève.

R.G : C’est à peu près ça. Rires

En plus, il suffit que tu le regardes au mauvais moment quand il loupe la balle et là, c’est compliqué!

F.B : C’est pour ça que j’ai cherché une façon de simplifier et je vais la proposer maintenant. En fait, il y a 3 domaines. Je dis à mes élèves, je vais vous évaluer sur:

  • je joue, je pratique: je joue au volley, je pratique la danse etc.
  • j’arbitre, je juge donc c’est la deuxième chose sur laquelle je vais vous évaluer,
  • j’étudie, je suis un étudiant et pour cela je dois m’organiser.

Ce sont les 3 domaines et à chaque fois je structure ma leçon par rapport à ces 3 domaines. Je me suis peut-être beaucoup inspiré de tout ce qui s’écrit mais qui sont pour moi la synthèse de notre tradition de l’EPS.

Donc, j’enseigne du jeu ou des pratiques. J’enseigne un savoir arbitrer, savoir juger. Puis j’enseigne quelque chose qui est plus transdisciplinaire, quelque chose qui permet à la pratique d’exister et à l’élève de devenir étudiant. Par exemple, je joue, je pratique du volley: une forme de pratique scolaire où je peux par exemple bloquer le ballon pour faire une passe à mon partenaire qui va attaquer ensuite. Je suis également arbitre. Je me suis inspiré de ce qu’il y a au brevet mais en étant seulement sur trois niveaux pour simplifier car je ne vois pas ce que c’est 4. Pourquoi enseigner un niveau en plus ? Je ne veux pas faire de polémique sur EPS Régal ! Rires

R.G : Non, non, t’inquiète, c’est le but aussi d’échanger et de partager ta vision des choses!

F.B : Niveau de maîtrise fragile. Quand on dit à quelqu’un: « Vous avez un niveau de maîtrise fragile », imaginez l’impact sur lui-même! On a du mal à se rendre compte que c’est un impact qui est dévalorisant par rapport à l’estime de soi. Dans le primaire, ils ne disent pas ça. Ils parlent de « niveau de maîtrise non atteint ». Cela veut dire que tu as toujours une possibilité de faire quelque chose pour l’atteindre, mais pour l’instant ce n’est pas atteint. Puis après, il est en cours d’acquisition. Par exemple, on parlait tout à l’heure du coup droit: progressivement il y a quelque chose qui est en train de se mettre en place, tout à coup ils commencent à mettre le pied droit derrière, à attaquer.

Là par exemple, j’ai fait quelque chose au volley-ball. Niveau de maîtrise non atteint: je fais du jeu direct, la balle arrive, ma motricité usuelle c’est de renvoyer la balle et puis je commets des fautes.

Et puis le deuxième niveau, j’essaie de faire du jeu indirect à plusieurs passeurs mais je perds le point, je perds la confrontation. Et puis le jeu indirect+, avec la manière, c’est-à-dire que je joue en collectif, toujours en jeu indirect.

C’est quelque chose que je transpose dans toutes les APSA. Je joue, je pratique, qu’est-ce que c’est qu’un niveau de maîtrise non atteint au tennis de table, ou en course de haies, en danse, en acrosport etc? Qu’est-ce que c’est un niveau de maîtrise où il y a quelque chose qui se transforme dans ces APSA, un niveau de maîtrise qui est atteint ?

Sur l’arbitrage, le jugement, je peux l’illustrer avec l’athlétisme. On n’arbitre pas l’athlétisme: on le juge! Il y a des postes : le starter, le juge à l’arrivée, etc. Au début, je ne sais pas comment donner un départ, comment chronométrer, comment juger une arrivée, comment récupérer les informations et les performances. Puis après je les connais un peu. Par exemple, sur la diapo ci-dessus, j’ai mis « + ou – gestes-sifflet », ça veut dire je le connais un peu, que je me trompe encore un peu sur le chronométrage. Et puis après je suis ok à mon niveau de pratique en sixième, en troisième, etc. Je suis ok par rapport à ces gestes, ces sifflets, ces scores, ces choses qui font la caractéristique d’un arbitre ou d’un juge.

Puis enfin le côté droit de la diapo, c’est j’étudie. Est-ce que tu es en accord avec ce qui est marqué dans ton carnet de correspondance sur le règlement de l’école? Par rapport à la ponctualité, par rapport à la relation aux autres etc. et à mon règlement d’EPS : tenue, pas de tenue, l’installation et le rangement du matériel, etc. Donc « non atteint », c’est-à-dire qu’il te reste à faire ça. « Niveau de maîtrise en cours d’acquisition » signifie « le respect des règles et des règlements c’est plutôt ok, ça commence à venir ». Parfois avec les élèves, je leur écris « plus ou moins » et ça les fait sourire et ils ont compris! Et puis après c’est le niveau de maîtrise atteint: ils sont autonomes par rapport aux règles et règlements sur la scolarité.

Ces trois choses, pour moi, c’est la simplification. J’ai participé en 2014 à une conférence sur l’évaluation sous le septennat de Hollande: « Pour ou contre la notation ? Faut-il noter ? ». J’avais retenu de l’intervention des auteurs tout ce qui a de subjectif dans la notation et tout ce qui était de l’impact sur l’estime de soi. Je l’ai dit tout à l’heure, je suis à nouveau dans un lycée professionnel mais bon au collège, j’ai eu aussi des élèves qui étaient en faible estime de soi. Et il faut que je puisse noter de façon que ça puisse permettre à mes élèves de progresser.

Dans un établissement qui note encore en évaluation chiffrée (et non en niveau de compétence), alors je fais: niveau de maîtrise non atteint 10/20. Niveau de maîtrise en cours d’acquisition: 15/20. Niveau de maîtrise atteint: 20/20. Alors on me dit « pourquoi 10 ? ». Et moi de répondre  » je m’inspire de ce que font les gens en Europe du Nord: ils ne mettent jamais une note qui ne puisse pas être mathématiquement rattrapable« . Lorsque j’entends mon collègue qui dit « Mais tu n’as pas ta tenue ? Alors 0 ». Qu’est-ce qu’il faut pour rattraper un 0 ? Il faut un 20. Donc voilà c’est toute cette idée-là. Et mon truc c’est qu’un 10, ça se rattrape. Et quand en EPS, ils ont un 10, ils savent ce sur quoi ils peuvent s’améliorer pour pouvoir passer au niveau suivant. Ma proposition est donc: simplifions l’évaluation pour transformer les élèves et arrêter avec les éternels débutants!

R.G : D’accord super. C’est vrai que l’évaluation de toute façon fera toujours débat. On pourrait en discuter longuement. Mais l’idée à retenir, je pense que ça a été clair, c’est vraiment de simplifier cette évaluation pour quitter les usines à gaz. Tu en parlais tout à l’heure avec 7-8 critères fois 32 élèves ça engendre un stress chez l’enseignant! Moi aussi j’ai commencé comme ça en sport co et même si je mettais deux séances pour évaluer, ça me générait un stress. Voir qu’il me reste encore quinze élèves à évaluer et que je n’ai plus qu’un quart d’heure.

L’autre idée forte est qu’à un moment donné les élèves puissent s’autoévaluer, se placer dans cette grille-là. Et ça c’est important je pense pour eux. Comprendre leur note. Moi quand j’étais élève, en EPS, j’avais une note et je ne savais pas d’où elle venait, elle tombait un peu du ciel comme ça! Donc le fait de savoir sur quoi je suis évalué précisément (alors c’est sûr il ne faut pas qu’il y ait 12 critères sinon ça va être compliqué) et même pouvoir m’auto-évaluer, me placer dans la grille ou même à la fin d’un match j’ai directement ma note (ou alors je suis placé dans un niveau de maîtrise s’il n’y a pas de note chiffrée), je pense que c’est vraiment très important pour les élèves. Cela donne du sens aussi.

F.B : Oui ça donne du sens aussi. Par exemple ce type de tableau je l’utilise et je demande aux élèves de mettre des croix là où ils pensent être. Ils savent s’ils jouent en jeu direct ou indirect par exemple. Et c’est impressionnant comment ils sont spontanés.

R.G : Alors si je résume tes cinq astuces François :

  1. La bienveillance avec les élèves et le personnel de l’établissement;
  2. Apprendre, se former seul et avec d’autres tout au long de sa carrière;
  3. Les routines pour rassurer les élèves, notamment des routines au travers des situations d’apprentissage
  4. L’improvisateur-organisé: préparer sa leçon bien entendu mais s’adapter sur le moment aux conditions du terrain qui sont particulières notamment en Martinique;
  5. Simplifier l’évaluation.

F.B : En pensant que ces 5 astuces sont à articuler entre elles.

R.G: Bien entendu!

EPS: des ressources pédagogiques

CAPEPS

R.G : On passe à la troisième partie de cette interview. Est-ce que tu as un ouvrage, une revue ou un site internet à recommander aux collègues EPS ou futurs collègues pour les aider dans leur pratique quotidienne ?

F.B : Alors j’ai ce livre-là qui est « La Gestalt l’art du contact ». Je trouve que c’est vraiment très adapté à notre métier de prof.

Enseigner l'EPS

Par exemple vous voyez sur cette photo-là c’est le pentagramme de Ginger. C’est une étoile où il y a cinq dimensions de la personne qui sont représentées : la tête c’est tout ce qui est du calcul, le cœur c’est tout ce qui est l’affect, les autres c’est tout ce qui est social, le corps pour nous c’est la motricité et puis après le monde c’est tout l’aspect des valeurs. Ce bouquin je le recommande vraiment à tout le monde.

Par exemple, moi je sais que je me forme pour mon futur métier, pour ma reconversion dans la Gestalt. Je suis passionné donc voilà je recommande ce bouquin nouvelle approche. Même en EPS, je peux évaluer par rapport à ces 5 dimensions: par rapport aux valeurs, par rapport au contact aux autres, par rapport aux pensées, par rapport à l’affect et puis par rapport au corps.

Proposition d’un outil pédagogique : le smartphone

R.G : D’accord, merci pour le partage on va lire ça prochainement. Est-ce que tu aurais maintenant un outil pédagogique à conseiller pour aider les collègues dans leur cours d’EPS avec ta grande expérience ?

F.B : Avec ma grande expérience alors là, c’est quelque chose du 21ème siècle! Je ne pouvais pas avoir ça quand j’ai commencé mon métier, à l’époque c’était la craie et le stylo ! Rires

Moi j’utilise le smartphone. Et quand je filme les élèves, ça veut dire qu’on a déjà organisé quelque chose qui fait que ça tourne, on a déjà mis des routines en place. Si je suis capable de filmer, je vais pouvoir voir des choses en plus, des choses que, dans l’urgence de l’intervention, je ne suis pas capable de voir. Il y a des choses qui vont me sauter aux yeux lorsque je vais pouvoir visionner ce que font mes élèves. Quand je dis visionner, c’est 30 secondes-1 minute de capsule, que je peux même transmettre à mes élèves après.

Alors bien sûr il y a le RGPD, il faut faire attention. Il ne faut pas prendre un élève en particulier mais en prendre plusieurs. Mais il se trouve que c’est un outil extraordinaire. Tout le monde l’a aujourd’hui. Je fais l’appel en début de cours sur le téléphone, je peux faire la classe inversée aussi : je peux envoyer des choses de mon smartphone à mes élèves en amont du cours. Je trouve que c’est un outil très important pour l’analyse des pratiques professionnelles.

R.G : Tu as travaillé là-dessus dans le cadre de ton DEA, sur la relation entraîneur-athlète.

F.B : Alors dans le cadre de mon DEA, je travaillais sur la relation de communication entre un entraîneur et un athlète. Et ça se faisait à partir du filmage, je filmais ce qui se passait, les séances techniques et après je faisais des confrontations entre les athlètes (trois athlètes de haut niveau) et l’entraîneur avec ces images. Je faisais l’intervieweur (comme toi), je le filmais et après il fallait récupérer tous les mots qu’on s’était dits et les passer dans un logiciel d’analyse sémantique! Ce qui était intéressant et ce que je retiens, c’est qu’en fait, même à un haut niveau, un entraîneur (avec trois athlètes de niveau international) a trois discours différents, trois organisations différentes.

R.G : Il s’adapte à l’athlète qu’il a en face de lui.

F.B : Exactement. Donc le portable c’est quelque chose qui me semble un outil adapté à l’enseignement aujourd’hui…

R.G : …Pour l’analyse des pratiques professionnelles, on a bien compris.

F.B : Pour l’analyse de pratique professionnelle et son analyse professionnelle.

Partage d’un petit cadeau EPS avec nos lecteurs

Enseigner l'EPS

R.G : Pour finir, est-ce que tu as un petit cadeau à partager avec les personnes qui nous ont suivies jusqu’au bout de cette interview ?

F.B : Oui c’est un article que j’avais coécrit avec Pierre Judey, qui était mon formateur à l’époque pour l’Agrégation. J’avais travaillé sur le lancer de javelot puisque j’étais BE2 et entraîneur de niveau national. C’est un article sur la théorie dynamique des apprentissages adapté au lancer du javelot. J’avais travaillé avec Didier Delignières qui était notre support scientifique sur le contenu de cet article.

Donc je le suggère car il y a cette idée qu’un comportement est à modifier en changeant quelque chose du contexte. Je vais chercher un attracteur, quelque chose qui attire l’élève vers une modification. Par exemple toi, c’est le tout en coup droit.Cette transformation-là tu l’attires, c’est un attracteur qui fait que cette motricité va se transformer là-dessus. Actuellement, je travaille pour le CEDREPS sur l’athlétisme et je pense à d’autres choses aussi. Par exemple, lancer au-dessus de quelque chose, ça conditionne et ça transforme le comportement usuel de l’élève.

R.G : On mettra le lien de téléchargement tout à la fin de cet article. On aura des choses à lire: ton article plus l’ouvrage que tu as recommandé 😉

F.B : Je me permets aussi de relancer les collègues et futurs collègues: allez chercher d’abord sur ton site EPSRégal parce que je trouve que c’est vraiment très intéressant…

R.G : N’en fais pas trop parce qu’après on va croire que je t’ai demandé de dire ça François ! Rires

F.B : Non, non, pas du tout! Surtout si tu viens en Martinique, c’est moi qui t’offrirais un punch ! Rires

R.G : Ne me le dis pas deux fois ! Rires

F.B : Non, non c’est vraiment quelque chose de très intéressant la démarche du CEDREPS, la démarche que tu as reprise toi. Moi je la trouve très intéressante et j’invite tous les collègues au-delà de mon article qui est vieux et dépassé à se nourrir de ce qui agit et de ce qui évolue en ce moment.

R.G : D’accord, super, merci pour ton message. Je te remercie vraiment François pour le partage ton expérience et de tes 5 astuces. Je te souhaite une bonne continuation dans ton établissement, dans tous tes projets. On a compris qu’ils étaient très nombreux, tu as même déjà prévu ta reconversion, tu nous l’as dit tout à l’heure! En tout cas, ça fait vraiment plaisir de voir ta passion toujours intacte après quarante années d’enseignement. C’est vraiment une source d’inspiration pour nous tous donc continue comme ça. Je ne sais pas si tu as un dernier message à passer avant qu’on se quitte ?

F.B : Oui je voudrais saluer mes anciens élèves qui sont devenus profs, Nicolas qui est agrégé à Nice, Xavier Sabin qui doit être perdu vers la Vendée, Audrey Thibault vers Dijon, Franck et Marc dans le Val d’Oise, Yannick en Martinique … voilà je voulais les saluer.

R.G : Et tous les autres que tu as oublié de saluer là sinon il y en a qui ne vont pas être contents ! Rires

F.B : Oui je crois que j’ai oublié quelques personnes! Pardonnez-moi les gars et les filles! Cela va t’arriver toi aussi tu vas voir: tu auras des anciens élèves profs ! Rires

R.G : Oui, oui ça commence à arriver déjà! Rires

En tout cas merci à tous les collègues et futurs collègues qui ont suivi cette interview. Si certains d’entre vous, comme François, souhaitent partager leurs 5 astuces vous pouvez me contacter bien entendu à: info@epsregal.fr ou me laisser un commentaire en dessous de cet article. Je me ferais un plaisir, comme avec François, de vous interviewer et on échangera, on partagera vos 5 astuces.

Vous pouvez aussi partager bien entendu cette vidéo si vous pensez qu’elle va aider d’autres collègues dans leur quotidien et n’hésitez pas aussi à vous abonner à ma chaîne YouTube pour avoir accès au contenu dès leur sortie. Donc bonne continuation à toutes et à tous et à bientôt pour le partage d’une nouvelle ressource. Portez-vous bien!

Les autres interviews sur EPSRégal

Si tu as apprécié cette interview avec les conseils concrets de François BEAUBRUN, celles-ci devraient également te donner des pistes de réflexions et d’actions concrètes: les 5 astuces de:

Jean-Luc UBALDI: https://www.epsregal.fr/eps-5-astuces-jl-ubaldi/

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Philippe-Michel SIPEYRE: https://www.epsregal.fr/eps-5-astuces-sipeyre/

Twiggy LEJEUNE-VAZQUEZ: https://www.epsregal.fr/eps-5-astuces-twiggy-lejeune-vazquez/

Mireille AVISSE-DESBORDES: https://www.epsregal.fr/eps-5-astuces-mireille-avisse-desbordes/

AEEPS Mireille AVISSE

A bientôt pour le partage de nouvelles ressources 😉

On partage et on progresse ensemble…

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OBJECTIF CAPEPS (interne et externe): 30 conseils pour réussir ses oraux : https://epsregal.podia.com/objectif-capeps-30-conseils-indispensables-pour-reussir-ses-oraux

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Si tu as des questions sur ces formations, tu peux me les poser directement en les adressant à : info@epsregal.fr J’y répondrai avec plaisir 😉

Cette publication a un commentaire

  1. Martin

    Bonjour, j’ai plaisir à lire vos articles et ça me motive pour la rentrée! J’ai besoin de motivation et ces articles sont réalistes et positifs!!!
    Merci.
    Céline (Bretagne)

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