La régionale AE-EPS Nancy-Metz a eu le grand plaisir d’accueillir Fabien FANGET le 8 février 2020 au collège de Maizières-lès-Metz. Le thème de la journée était: « Les pratiques d’attention et de bien être à l’école ». Plus de 80 personnes étaient présentes. Des professeurs des écoles, des professeurs d’EPS, des enseignants d’autres disciplines, des professeurs dans l’enseignement supérieur…
Une très belle journée d’échanges, de partage et de convivialité.
En tant que président de cette belle régionale, j’en ai profité (pendant la pause méridienne) pour faire une interview avec Fabien.
Dans la vidéo ci-dessous, tu vas en apprendre davantage sur ces pratiques d’attention et de bien être à l’école, en plein essor actuellement.
Tu peux télécharger ci-dessous le livret de méditation ainsi que des informations sur l’AME (Association de Méditation dans l’Enseignement)
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La méditation à l’école: l’interview de Fabien FANGET
Fabien, peux-tu te présenter rapidement?
Fabien FANGET, je suis professeur d’EPS à côté de St Etienne dans l’académie de Lyon. J’ai un parcours classique de prof. A côté de ça, je suis instructeur en méditation pour enfants. Et aussi formateur PAUSE avec l’association AME, pour adultes, pour les sensibiliser à ces pratiques de méditation.
Qu’est-ce qui t’a amené à te tourner vers ces pratiques d’attention et de bien être, en plein essor actuellement?
Au départ, c’est une démarche personnelle et pas pour les élèves. Cette démarche personnelle avait pour objectif une meilleure connaissance de moi, la curiosité par rapport à ces pratiques qui émergeaient.
Et aussi essayer de faire des choix personnels plus forts car je me laissais un peu trop entraîner par le rythme rapide de la vie. J’avais besoin de prendre du recul, me poser et je me suis tourné vers ces pratiques par curiosité. Et le test a été bon car j’ai apprécié, je me suis vraiment retrouvé et cela m’a apporté des choses personnellement.
Du coup, j’ai eu envie de les partager ensuite avec mes élèves. Déjà par curiosité pour voir s’ils étaient réceptifs ou pas. Et l’expérience a fait qu’aujourd’hui, j’utilise ces pratiques avec mes élèves depuis 4 ans avec toutes mes classes, tout le temps, et ça marche vraiment bien.
Est-ce que tu utilisais déjà ces pratiques d’attention quand tu as passé tes concours (CAPEPS puis AGREGATION)?
Je m’y suis mis après. Mais avec le recul, je pense que j’aurais vraiment aimé pouvoir les utiliser à ce moment-là. Pour pouvoir mieux gérer mon stress notamment. Car même si ça s’est bien passé pour moi, il y a eu beaucoup de stress. Beaucoup d’émotions également que j’aurais pu mieux canaliser. Et aussi être plus lucide sur ce que j’allais dire aux jurys.
Je pense que ces pratiques m’auraient vraiment apporté un plus.
Est-ce que tu peux nous dire en quelques mots ce que sont, pour toi, ces pratiques d’attention et de bien-être?
Ces pratiques permettent simplement de se poser, s’arrêter. Que ce soit à l’école pour les élèves ou dans la vie en général, nous sommes toujours dans un rythme effréné. A répondre à nos mails, aux sollicitations extérieures, etc… A un moment, c’est simplement dire: STOP! Je m’arrête, je me pose. Et on s’aperçoit que cette pause fait du bien, nous permet de prendre du recul, d’être plus lucide, de mieux gérer nos émotions.
Il s’agit de revenir simplement au moment présent car nous sommes souvent dans nos ruminations passées. On s’interroge aussi souvent sur ce que nous allons faire demain. Là, il s’agit de revenir à ce moment présent où j’ai toutes mes ressources que je peux utiliser pour répondre à ce qui se passe actuellement.
Il s’agit de se poser, observer ce qui se passe à l’intérieur de moi, sans jugement. Accepter ce qui se passe à l’intérieur de moi, que ce soient des choses agréables ou désagréables. Observer aussi ce qui se passe autour de moi. C’est une pause, sans jugement c’est-à-dire accepter les choses, lâcher prise avec ce qui se passe, sans avoir d’intention, de but particulier.
Je ne recherche pas d’apaisement ou autre chose, c’est juste observer ce qui se passe. C’est simplement observer avec attention: poser une attention sur son corps, sur sa respiration, sur ses pensées.
Qu’est-ce qui t’a motivé à intégrer ces pratiques avec tes classes et tes élèves?
Plus j’avance, plus je trouve que les élèves sont stressés, qu’ils ont du mal à gérer leurs émotions. Et cela peut créer des tensions entre les élèves, entre le prof et la classe aussi. Ces pratiques peuvent être un outil, parmi d’autres, nous permettant de mieux gérer cette relation, apaiser le climat de la classe notamment.
Il s’agit aussi de leur donner les outils pour apprendre à mieux se gérer, mieux se connaître. L’école transmet des savoirs, c’est bien, mais elle doit aussi donner des outils aux élèves pour mieux s’épanouir, être plus heureux. Si je suis un peu plus heureux en tant qu’élève, j’apprendrai un peu mieux que si je n’y suis pas!
Quels sont les principaux effets que tu observes chez les élèves quand tu utilises la méditation de pleine conscience?
Concrètement, j’ai un climat de classe qui est vraiment plus serein. Je ne l’observe pas uniquement chez les élèves mais chez moi également. En fait, c’est la relation prof-élèves qui est améliorée.
Le sens de l’écoute est amélioré. De mon côté, j’arrive à être plus réceptif, mieux rebondir, mieux m’adapter à ce que font les élèves. Et eux, en retour, sont plus à l’écoute par rapport à ce que je demande. Il s’ouvrent davantage. Et tout ça fait que le climat de la classe est plus serein, on se sent plus en confiance.
Et quand on est plus en confiance, on ose apprendre, tenter des choses, on n’a plus peur de se tromper. Et on sait que pour apprendre, il faut accepter de se tromper pour pouvoir progresser.
Est-ce que tu peux donner quelques conseils aux enseignants pour intégrer ces pratiques d’attention dans leur quotidien?
Pour mettre en place ces pratiques, la première chose, est de les connaître et d’avoir envie de les partager. C’est primordial. En effet, si je ne crois pas en ces pratiques, ça ne sert à rien de vouloir les mettre en place avec les élèves.
L’idée est de créer un moment où on se sent bien, une bulle avec les élèves dans laquelle on se sent bien. Car nous savons que l’école peut être stressante avec la comparaison, les résultats, l’urgence de réussir, etc. Donc, on a besoin de créer une bulle et de se rendre compte que cette bulle, quand on se sent bien, peut apporter énormément de choses.
Ensuite, un autre conseil est d’oser tenter des choses. Souvent, les collègues, un peu timorés, n’osent pas proposer ces pratiques avec leurs élèves. Je crois que les élèves, quand on leur propose quelque chose avec le cœur, sont toujours bienveillants envers nous finalement et ça passe toujours.
Il faut aussi accepter de ritualiser ces pratiques pour apporter les effets bénéfiques validés par les études scientifiques.
Est-ce que tu peux nous donner un ou 2 exercices de méditation qui fonctionnent bien avec les élèves et que tu utilises?
Il existe une grande variété d’exercices même si on revient tout le temps sur la même chose c’est-à-dire l’attention sur le corps, le souffle, la respiration. Les élèves aiment beaucoup l’exercice de la « météo intérieure ». L’idée est de se poser, voir ce qui se passe dans mon corps, dans mes pensées, est-ce qu’il y a des émotions particulières qui ressortent?
Face à cet état général, c’est de se dire, comme à la météo: dans ma tête, est-ce que c’est le grand soleil? Est-ce qu’il y a quelques nuages, j’ai des petits soucis? Est-ce que je suis très triste et il y a beaucoup de pluie?
Cette pratique est très appréciée car elle permet d’ouvrir la discussion sur les émotions. On connait l’importance des émotions dans les apprentissages, la gestion de la classe, etc…Donc, d’en parler avec eux, leur donner du vocabulaire pour qu’ils puissent les exprimer est vraiment important. C’est pour ça qu’ils aiment cette activité de la météo intérieure.
Tu peux télécharger cet exercice (et d’autres) dans le livret de méditation qui se trouve juste en dessous de la vidéo.
Ces pratiques sont importantes pour les élèves mais aussi pour le bien-être des enseignants. Que conseillerais-tu aux professeurs?
Plusieurs pistes sont conseillées:
- La régularité: il vaut mieux pratiquer de façon courte et régulière qu’une seule fois pendant un temps assez long. Par exemple, il vaut mieux méditer 10 fois 5 minutes qu’une seule fois 50 minutes. Le professeur Richard DAVIDSON parle d’hygiène mentale: on n’est pas obligé de méditer 20 minutes, 1 heure mais simplement quelques minutes par jour. Simplement, se poser, s’apaiser.
- Être dans un lieu calme, et prendre quelques minutes pour se poser.
- L’inscrire dans son emploi du temps: on se laisse très facilement manger par le temps, on ne trouve jamais le temps finalement de se poser. C’est justement pour lutter contre ça qu’à un moment je fais le choix, délibérément, de me poser. Et de ne pas me laisser croquer par toutes les activités que j’ai à faire…
- Connaître son intention: pourquoi je me mets à la méditation de pleine conscience? Il y a de bonnes intentions et de moins bonnes. Si c’est juste un outil par exemple pour contrôler les élèves, ce n’est pas une bonne intention, ça ne passera pas. Les intentions derrière la méditation de pleine conscience sont: favoriser l’épanouissement, améliorer la connaissance de soi par une meilleure connaissance de ses émotions pour pouvoir mieux les réguler, prendre du recul par rapport à des choix, être plutôt dans la réponse que dans la réaction. Souvent en tant que prof, parce qu’il y a beaucoup de choses qui se passent dans l’heure de cours, on est souvent dans la réaction. Prendre un temps de recul, ne pas répondre tout de suite, prendre le temps pour trouver la bonne réponse, la meilleure réponse est très important.
Est-ce que tu penses qu’intégrer ces pratiques de bien-être pourrait être bénéfique aux étudiants, futurs enseignants qui passent un concours?
Bien sûr cela peut les aider véritablement. Déjà personnellement, pour gérer la pression du concours. Et ensuite, comme c’est un outil qui se développe de plus en plus dans les écoles, avoir une formation dessus me paraît primordial si on veut ensuite pratiquer la méditation, les pratiques d’attention avec les élèves.
Cela se fait déjà dans certains pays où ces pratiques sont intégrées dans la formation initiale des enseignants. J’ai eu la chance de pouvoir intervenir en STAPS avec de jeunes professeurs qui venaient tout juste d’avoir le CAPEPS. Il y a des choses qui se mettent en place et cela me semble vraiment intéressant. C’est un outil, parmi d’autres, qui peut aider à mieux gérer ses émotions, sa pratique.
Peux-tu nous en dire davantage sur l’AME pour les personnes qui voudraient aller un peu plus loin avec ces pratiques?
Pour aller un peu plus loin dans la méditation, il existe plusieurs types de formation. La première est personnelle. C’est ce qu’on appelle le MBSR (Mindfulness-based stress reduction). Il faut simplement taper MBSR sur internet et voir s’il y a des formateurs dans sa région. En 8 semaines, on suit un programme pour se former personnellement.
Ensuite, l’AME est une association de méditation dans l’enseignement. C’est une association qui œuvre pour développer les pratiques méditatives dans les écoles. Pour cela, il y a 2 programmes: PAUSE et PEACE. Moi je suis formateur sur ces 2 programmes.
Le programme PAUSE s’adresse à tous les enseignants et c’est une sensibilisation à la méditation: qu’est-ce que la méditation? Comment méditer? Etc…
Une fois qu’on a suivi cette formation, on peut aller vers un programme PEACE qui nous permet d’intervenir avec des élèves, avec un protocole sur 10 semaines, sur des choses très cadrées (sur les émotions, l’attention, le corps, la respiration).
Il existe un site internet pour l’AME avec des formations qui se dispatchent dans toute la France.
Je souhaite remercier très chaleureusement Fabien pour cette interview et le partage de ses connaissances tout au long de cette journée. En espérant que ces pratiques puissent se propager de plus en plus, dans tous les établissements scolaires, pour le bien-être de tous les élèves et de tous les enseignants.
Tu peux partager tes expériences avec ces pratiques d’attention et de bien-être (personnellement ou avec tes élèves) dans les commentaires ci-dessous.
Si tu as apprécié cet article, ce que j’espère 😉 , tu aimeras certainement l’article suivant: La relaxation en EPS: comment faciliter la détente des élèves?
Au plaisir de lire tes commentaires ci-dessous et d’échanger ensemble 😉
On partage et on progresse ensemble…
Merci pour ce témoignage sur les pratiques scolaires de méditation. Je tente lors de la mise en activité de mes petits de 6ème (segpa et général ) en expression corporelle de jouer sur les images mentales. Ce n’est pas évident au début mais finalement en le ritualisant les élèves adhèrent bien et sont contents d’avoir un moment pour eux.
Merci Geoffrey pour ce partage d’expérience 😉 Bonne continuation dans tes pratiques scolaires de méditation.
Bonjour et merci pour ce blog sur la méditation.
Je suis un lecteur régulier depuis de nombreuses semaines et j’apprécie la qualité des articles.
Pour moi, ce qui à fonctionner c’est cette méthode: http://bit.ly/enseignerleyoga
Je me permet de la poster ici, car elle aide des centaines de personnes dans cette pratique.
Merci et à bientôt sur d’autre blog.
Joan
Merci pour l’article. Je me lance cette année avec des élèves en méditation/relaxation: j’emploie les 2 termes pour être plus accessible. J’ai une formation MBSR adulte et j’ai un peu peur de manquer de contenu, mais je me lance , on verra! J’ai aussi le livre de Jeanne Siau-Fachin qui s’adresse aux enfants et ados et espère pouvoir utiliser qques bandes sons avant d’être autonome.